Heureux qui, comme le club kabyle, continue de couler des jours enchanteurs et ce au grand bonheur de son fidèle et merveilleux public soudain sorti de sa torpeur chronique de ces dernières années pour revivre enfin l'euphorie de ces "années folles" qu'on croyait révolues à jamais du côté du stade du 1er-Novembre. C'est qu'après l'effet de surprise de début de saison, il va falloir enfin prendre au sérieux ces joyeux lurons habillés de vert et de jaune qui donnent la nette impression de prendre beaucoup de plaisir à poursuivre allégrement leur bonhomme de chemin et qui s'accrochent éperdument à ce fauteuil de leader qui n'était pourtant pas ni dans leurs cordes ni dans leurs visées, l'été dernier, où l'on ne savait pas trop comment la "nouvelle vague" kabyle allait rivaliser avec les grosses cylindrées de Ligue 1. Et pourtant, après dix matchs de championnat, autrement dit au premier tiers du parcours, la "bande à Dumas" est toujours invaincue et se targue même d'un tableau de bord impressionnant, car joliment enrobé de six victoires et de quatre matchs nuls, ce qui relevait certainement de l'utopie au premier coup de starter, en août dernier, lorsque les jeunes poulains de Franck Dumas avaient raté leur entrée en la matière en ayant concédé un match nul à domicile contre la coriace formation de la JS Saoura (0-0). "Si on nous avait prédit tout cela au départ, les gens auraient pensé à une histoire de Père Noël, et si nous sommes arrivés à de tels résultats, c'est parce que nous avons travaillé sans relâche depuis notre première mise en train estivale, mais de grâce qu'on ne vienne pas nous parler encore de titre car, au risque de le répéter à chaque fois, notre équipe est encore jeune et inexpérimentée. Alors laissez-nous savouer ces moments de bonheur et d'extase et si nous comptons aujourd'hui 22 points dans la cagnotte, figurez-vous qu'il nous manque encore 14 points pour assurer notre… maintien !", dira le rusé Dumas, qui a provoqué un fou rire général lors de la conférence de presse d'après-match JSK-DRBT où les Canaris se sont payé, une fois de plus, une belle et précieuse victoire sur le score de 3-2. Ceci dit, il faut bien admettre que les camarades de Benkhalifa, promu capitaine en l'absence de Sadou, étrangement relégué sur le banc de touche, ont donné des sueurs froides à leurs fans en fin de partie, surtout lorsque Hamroune (72') puis Belkacemi (86') avaient, tour à tour, raté la balle du 4-1, et que les Tadjenanetis ont aussitôt réussi à semer le doute dans les rangs kabyles en réduisant le score par Attouche sur une grosse bévue de Salhi à la 88'. "J'avoue que quand nous avions raté la balle du KO en fin de match et que l'adversaire avait réduit le score à 3-2, j'ai réalisé que ça sentait mauvais", avoue Dumas qui n'a dû son salut qu'au coup de sifflet libérateur de Hamza Bouslimani qui avait prolongé pourtant le suspense en accordant 4 mn de temps additionnel à valeur de sursis pour les visiteurs mais au goût d'anxiété pour le leader. Et si de nombreux observateurs ont encore tiqué sur tous les chamboulements d'effectifs opérés au gré des matchs par Franck Dumas qui a certainement joué avec le feu, avant-hier soir, en se passant des services de son pivot central et capitaine incontesté et incontestable Nabil Sadou pour titulariser, pour la première fois de la saison, le Franco-Algérien Samy Slama dans l'axe, lui qui est un pur gaucher qui excelle surtout dans le couloir gauche, la défense kabyle habituellement solide et cohérente aura pris l'eau à maintes fois et a fini par encaisser, pour la première fois, deux buts stupides, alors qu'elle n'avait concédé jusque-là que trois buts en… neuf matchs joués ! "C'est vrai que j'ai pris des risques ce soir, mais il fallait bien faire tourner notre effectif pour ne pas saturer les mêmes joueurs, surtout que l'équipe tourne bien depuis le début de saison et enchaîne les bons résultats pour me permettre de faire reposer certains joueurs et éviter l'usure et les blessures d'ici la fin de la phase aller", dira Dumas à son corps défendant, lui qui, décidément, n'a pas fini de nous surprendre depuis qu'il a tenté – et réussi pour le moment – une véritable chevauchée fantastique ! Mohamed HAOUCHINE