Le chef de l'Etat a indiqué à l'occasion de l'inauguration de la foire que la zone nord du pays est saturée et qu'il est nécessaire de réorienter les investissements vers les autres régions. La 38e Foire internationale d'Alger (FIA) a été inaugurée officiellement, jeudi dernier, avec une journée de retard. Evénement national de prédilection du président de la République, la FIA n'a pu être ouverte que le lendemain de la date prévue à cause des engagements protocolaires pris par le chef de l'Etat à l'étranger. Ce n'est pas par hasard qu'il a, d'ailleurs, commencé sa visite en se rendant en premier lieu aux pavillons des pays étrangers. L'Allemagne, la Chine et l'Espagne constituent les premières haltes de la délégation composée presque de la majorité des membres du gouvernement, à leur tête le Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Au cours de ses discussions avec les exposants, le chef de l'Etat a réitéré son appel à l'adresse des opérateurs étrangers pour venir investir en Algérie. Le Président semble s'appuyer clairement sur la récente révision à la baisse du risque Algérie par les agences d'assurance-crédits des pays membres de l'OCDE. La notation passe de 4 à 3. Cette note est considérée de standard commun sur le plan international par les experts. En termes plus clairs, il s'agit d'un assez bon risque. Ce qui va indubitablement encourager les investisseurs à reprendre la destination Algérie. Une chose est certaine, la 38e édition de la FIA a drainé de nombreuses firmes étrangères battant ainsi le record de la participation étrangère. En effet, 40 pays représentés par un millier d'entreprises ont pris part à cette exposition de renommée mondiale aux côtés des 108 sociétés publiques algériennes et des 243 autres relevant du secteur privé national. M. Bouteflika propose à cette occasion aux exposants venus d'outre-mer la réalisation de projets d'investissement liés, entre autres, aux infrastructures routières et ferroviaires à l'intérieur du pays. La région des Hauts-Plateaux reste l'objectif suggéré par Abdelaziz Bouteflika pour les investissements étrangers car, a-t-il souligné, la zone côtière est désormais saturée et elle n'a plus rien à offrir. Le premier magistrat du pays a exprimé sa volonté de développer et de promouvoir un partenariat intensifié avec les pays occidentaux participant, notamment, dans les domaines de l'équipement, de l'industrie, du bâtiment et des travaux publics. Le métro d'Alger continue à intéresser les opérateurs étrangers. À ce propos, un investisseur allemand s'est manifesté par le marché lié à l'installation du réseau de signalisation du métro d'Alger. “La côte est saturée, allez investir dans les Haut-Plateaux” Abdelaziz Bouteflika a poursuivi sa visite du Palais des expositions des Pins-Maritimes, mais sans toutefois passer outre l'espace dédié au pays frère, le Maroc, qui a boycotté cette manifestation mondiale depuis près d'une vingtaine d'années. Une ambiance fraternelle et joviale a caractérisé ces retrouvailles au niveau du pavillon marocain. Profitant des discussions enclenchées sur plusieurs sujets et projets avec les exposants, Abdelaziz Bouteflika lancera à l'un d'eux : “Il faut aimer l'Algérie avec ses qualités et ses défauts.” Un temps d'arrêt a été inévitablement marqué au stand de Vanhool, un groupe spécialisé dans la fabrication de bus situé au pavillon de la Belgique. Le Président s'est entretenu avec les responsables de cette entreprise au sujet de son partenariat avec la société de transport urbain, Etusa. “On m'a confirmé que la situation, qui prévaut actuellement à l'Etusa, n'est pas le fait de la mauvaise gestion, mais elle est beaucoup plus liée à des problèmes administratifs”, a lancé Bouteflika. Cette appréciation a été partagée par l'un des dirigeants de Vanhool. “Il faut maintenir la méthode de financement concessionnel”, a en outre suggéré le chef de l'Etat. Cette proposition a été déjà privilégiée par les deux partenaires puisque 300 bus ont été vendus à l'Etusa dont 250 ont été déjà livrés alors que 100 sont en cours de fabrication. Un autre projet prévoit de doter 10 villes de ce type de bus. La présence du Président au palais des expositions a été une opportunité tant attendue par les opérateurs étrangers afin d'évoquer les contraintes auxquelles ils font face en Algérie ainsi que les problèmes qu'ils rencontrent dans la réalisation de leurs projets d'investissement. Les contraintes à l'investissement soulevées L'environnement des investissements a connu, certes, une nette amélioration, relèvent-ils, mais des difficultés de diverses natures ne sont pas encore évacuées. Des doléances des exposants étrangers, l'on note les mêmes écueils qui persistent toujours. La lancinante question du foncier a été abordée. Les tarifs pratiqués, quand une assiette est trouvée, estiment-ils, sont hors de portée. Cet obstacle est de nature à dissuader l'investisseur étranger. Or, les assiettes de terrain des entreprises privatisables ne sont pas utilisées. Ailleurs, on ne cherche pas à faire de l'argent avec le prix des assiettes de terrain, on les cède, en revanche, à l'euro ou au dollar symbolique aux investisseurs potentiels. Un autre obstacle et non des moindres auquel font face les entreprises étrangères installées en Algérie a trait au contrôle des changes. Selon les opérateurs, il n'y a pas de règles précises sur le transfert des bénéfices par ces sociétés. Parfois, ça prend plus d'une année, voire deux ans dans le cas où l'opérateur serait autorisé à rapatrier son argent. D'où la nécessité, indiquent-ils, de libéraliser la politique des changes. À cela, il y a lieu d'ajouter les autres problèmes d'ordre administratif, le système bancaire dont les réformes accusent un retard flagrant, favorisé par l'instabilité des argentiers du pays… Les différents changements apportés à la composante de l'Exécutif ne font qu'envenimer davantage la situation. En réponse aux soucis de ces opérateurs, le chef de l'Etat se veut plus rassurant en leur expliquant que les lois, qui ont été adoptées dans ce sens, accordent plus de facilités et encouragent au contraire les investisseurs étrangers. Au stand de la compagnie aérienne Aigle Azur, M. Bouteflika a exprimé sa satisfaction du travail accompli par cette entreprise et affirmé : “Même durant la période la plus difficile, cette société ne s'est jamais retirée.” Sur les pavillons et stands réservés aux pays arabes, en l'occurrence, l'Egypte, l'Arabie Saoudite, la Tunisie, la Jordanie, la Syrie et la Palestine, Abdelaziz Bouteflika a insisté sur la nécessité de renforcer la coopération économique d'autant plus que la volonté politique pour donner à ce partenariat une plus grande dynamique existe déjà. Il est consacré à la production nationale : Le pavillon central évité Abdelaziz Bouteflika a accordé un grand intérêt à la participation étrangère, mais il a quelque part négligé l'exposition nationale. Le pavillon central consacré à la production nationale n'a apparemment pas été inscrit au programme de sa visite. Ce n'est pas la première fois que le président de la République “évite” de rendre visite aux producteurs locaux. Il l'a déjà fait dans les précédentes inaugurations. Cela est-il dû à son calendrier trop chargé ou s'agit-il en revanche d'un désintérêt à l'égard d'une jeune production nationale en pleine croissance ? Il s'est, néanmoins, contenté de visiter quelques artisans algériens qui ont exposé leurs produits sous des tentes à l'entrée du palais. Tout en leur promettant l'aide et l'assistance de l'Etat, il les a exhortés à redoubler d'effort afin d'améliorer la qualité de leurs produits. L'hôte du Palais des expositions des Pins-Maritimes a achevé sa visite par une virée vers le vaste espace loué par la Société nationale des véhicules industriels (SNVI) sur l'esplanade de la Safex. Le P-DG, M. Chahboub, a annoncé l'arrivée prochaine sur le marché de quatre nouveaux produits : un autobus urbain de 105 places dont le prix est fixé à 720 millions de centimes, un autre de 25 places dont 10 places debout, un minicar de 35 places destiné au transport scolaire et une benne-tasseuse pour la collecte des ordures ménagères. La SNVI, qui a bénéficié dernièrement d'un gel de son découvert bancaire, compte, selon ses responsables, s'engager prochainement dans un partenariat avec des sociétés espagnoles. Badreddine K.