“La poésie doit être portée à l'oreille plus qu'aux yeux.” C'est la conviction artistique de Slimane Belharet qui vient de produire une cassette audio intitulée Asefru i yemma (poème pour ma mère). Merveilleusement accompagné par des notes de musique signées Belaïd Branis, le récital s'ouvre par un émouvant hommage à toutes les mamans. Le poète loue le combat de la femme et compatit à ses peines. Dans Taqbaylit zik-nni, il déclame la vie d'antan. Celle des vaillantes montagnardes qui s'échinent à longueur de journée entre champ et maison. Les innombrables tâches quotidiennes. Une plongée en apnée dans la Kabylie profonde et les souvenirs lointains d'un enfant bercé par les chants entonnés par des grappes de femmes se dirigeant vers l'oued pour laver leur linge. Avec des mots simples, Belharet tente de reconstituer les valeurs d'une société en déperdition de repères et se met à rêver d'un monde meilleur. Artiste, il n'omet de “ressusciter” l'écrivain Mouloud Mammeri et cheikh El Hasnaoui auxquels il rend hommage dans Tajmilt iccix l Hesnaoui et dda Lmulud. Enseignant de profession, Slimane Belharet a édité sa première œuvre en 1991. Animateur à la Chaîne II et à Berbère Télévision (Brtv), il est un fervent défenseur de la culture amazighe. Dans le cinéma, il a joué dans le premier film d'expression berbère, La Colline oubliée de Abderrahmane Bouguermouh et Si Mohand u M'hand de Rachid Allal et Yazid Khodja. A. T.