Ces mouvements de protestation, suscités par une propagande autour du refus d'étudier la langue dans certaines wilayas, se veulent une revendication de la généralisation de l'enseignement de tamazight. Des milliers de collégiens et de lycéens des daïras d'Azazga, de Bouzeguène, de Tigzirt, d'Ouadhias, de Maâtkas et de Tizi Gheniff, pour ne citer que celles-ci, ont boycotté les cours pour investir les rues dans d'imposantes marches afin de réaffirmer leur identité et réclamer la promotion de la langue amazighe dans toutes ses composantes linguistiques. Dans les localités d'Azazga et de Bouzeguène, la protestation a débuté, avant-hier, pour se poursuivre encore hier. Les élèves des deux paliers ont démarré leur marche à partir de leurs établissements respectifs pour converger vers les principales rues en brandissant l'emblème amazigh et des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : "Tamazight, langue nationale pour tous les Algériens" et "Ma Ulac tamazight, Ulac, Ulac". Les manifestants, bien encadrés par les services de police, ont sillonné les principales rues en scandant les slogans traditionnels : "Assa, azekka, tamazight tella tella" (aujourd'hui, demain, tamazight existera toujours), ou encore "Ulac, Ulac, Ulac Smah Ulac". Les élèves ont crié leur ras-le-bol face aux atteintes répétées à tamazight et en citant même une députée qui ne cesse, disent-ils, de s'attaquer à l'identité amazighe sans être rappelée à l'ordre. "C'est à l'Etat de veiller à la promotion de la langue amazighe avec les mêmes moyens que pour la langue arabe. C'est également à l'Etat de veiller et de mettre tous les moyens pour la généralisation de l'enseignement de la langue amazighe dans tous les établissements scolaires publics et privés du territoire national", clament-ils. Hier encore, les manifestants ont respecté le mot d'ordre de marcher dans le calme. La circulation automobile très ralentie a pu être réglée. Les commerces sont restés ouverts et aucun incident n'a été enregistré. À M'kira, dans la daïra de Tizi Gheniff, les collégiens de trois établissements (CEM frères Boufateh, CEM Base 3 d'Akkerouch Oufella et le CEM Base 5 de Taka) ont également rejoint ce mouvement de grève en organisant une marche. En dépit de l'intervention des personnels de leurs établissements respectifs, les élèves ne voulaient rien entendre parce que, disent-ils, "tamazight est langue nationale et officielle. Elle a le même statut que la langue arabe. Pourquoi des Algériens comme nous refusent-ils de l'étudier ?" Il est à rappeler que ce mouvement de protestation a commencé lorsque des parents d'élèves d'une école primaire dans une wilaya de l'Est avaient observé un sit-in devant leur établissement, exprimant leur refus que tamazight soit enseignée à leurs enfants sous prétexte que cette langue devrait être introduite dans les écoles des 48 wilayas, allant même jusqu'à justifier ce refus par le fait que leurs enfants ne sont pas des cobayes. Une action qui n'est pas passée inaperçue et non sans conséquence sur la scolarité des élèves, notamment les lycéens et les collégiens de Kabylie où des mouvements de grève ont été lancés. Kamel N. O./O. Ghiles