Les deux communautés se sont ainsi entendues sur l'ouverture de la frontière à raison de deux fois par mois pour permettre à leurs ressortissants de perpétuer les visites familiales et aux caravaniers des deux rives d'effectuer leurs échanges commerciaux en toute légalité. Pour Brahim Ghouma, membre du Conseil de la nation et secrétaire national des sages et notables du Tassili N'Ajjer, le cadre humanitaire ne doit pas primer sur l'ouverture de la frontière algéro-libyenne car cette décision, qui était au centre des débats menés lors de la dernière rencontre avec les représentants du Haut conseil social des Touareg libyens à Djanet (Illizi), doit obéir à certaines conditions imposées par la crise sécuritaire qui prévaut aux frontières. La première condition, a-t-on appris d'un notable de la région, porte sur la nécessité d'assainir le fichier d'état civil pour pouvoir identifier les origines des populations devant bénéficier du libre accès avec pour but de se rendre à leurs familles et proches, et pour que cet alibi ne soit pas exploité à des fins de contrebande. L'Aménokal N'Ajjer a préconisé la délivrance de cartes spéciales reconnues par les différents corps de sécurité, afin de faciliter le contrôle transfrontalier, mais surtout pour resserrer l'étau autour des trafiquants de tout bord qui écument la région. Le débat a également été axé sur la nécessité d'étudier la possibilité de mettre une stratégie commune pour lutter contre le crime organisé ou tout autre risque susceptible de compromettre le traité portant les points négociés lors de cette réunion supervisée, faut-il le signaler, par une commission de sécurité dépêchée d'Alger. M. Ghouma, précise notre source, a mis en exergue les relations nouées entre les deux communautés et leur importance dans la gestion des alliances d'intérêts politique et économique et de ce territoire miné par les conflits d'ordre communautaire. Il a également rappelé le rôle joué par les Kel Ajjer dans la sécurisation des voies caravanières et des rapports de protection entretenus avec les villes frontalières, dont Ghât, Al Aweinat, Owbari et Ghadamès. La délégation libyenne, conduite par le président du bureau du conseil supérieur des Touareg libyens, Moulay Guedidi Guenidi, voit en cette démarche, louable à juste titre, une étape cruciale pour s'unir et s'organiser à retrouver la cohésion dans la région des Kel Ajjer à même de lutter contre les ambitions et velléités sécessionnistes. Les deux communautés se sont ainsi entendues sur l'ouverture des frontières à raison de deux fois par mois pour permettre à leurs ressortissants de perpétuer les visites familiales et aux caravaniers des deux rives d'effectuer leurs échanges commerciaux en toute légalité. Au terme de cette rencontre marquée par la convivialité et la communion, les Touareg N'Ajjer ont dressé un rapport portant tous les points négociés et les propositions préconisées, lequel a été transmis aux représentants de la commission de sécurité qui, de leur côté, sont chargés de le soumettre aux hautes autorités du pays. En attendant la réponse d'Alger, les initiateurs de cette réunion tiennent à réactiver leur organisation lignagère et faire valoir des revendications témoignant d'une cohabitation millénaire que la fermeture des frontières ne peut aucunement compromettre. RABAH KARECHE