Au 31 décembre 2017, plus de 14 000 personnes sont infectées par le VIH/Sida en Algérie et pas moins de 11 800 sidéens suivent régulièrement un traitement antirétroviral au niveau des centres spécialisés ouverts à travers le territoire national. Cette situation épidémiologique, qui renseigne bien sur "la progression" vertigineuse de cette épidémie, a été dressée, hier, en marge des travaux du 1er Congrès de la Société algérienne d'infectiologie (SAI) et du 5e Congrès des sociétés arabes des maladies infectieuses, à l'hôtel El-Aurassi, à Alger, par Adel Zeddam, directeur d'Onusida Algérie. M. Zeddam rappelle qu'au moins 200 cas décèdent annuellement. "On a enregistré 150 décès en 2017. Le nombre de décès s'est stabilisé sous la barre de 200 morts ces dernières années." Pour le représentant de l'organisation onusienne, ce chiffre confirme bien que cette épidémie est bien prise en charge en termes de traitement. "L'Algérie reste le premier pays dans la région du Mena, en termes de couverture thérapeutique antirétrovirale, avec un taux qui dépasse de loin les 80%. Le meilleur exemple à citer à ce propos est qu'il n'existe pas de transmission du VIH de la mère à l'enfant. La situation thérapeutique est maîtrisée en Algérie." Dans le même registre, le Dr Zertal de l'hôpital El-Kettar soutiendra que plus de la moitié des sidéens sont pris en charge par les centres d'Alger et celui d'Oran où de moyens conséquents y sont mobilisés. Pourquoi l'Algérie continue-t-elle alors d'enregistrer autant de décès ces dernières années ? Le directeur d'Onusida Algérie n'y est pas allé par quatre chemins pour souligner que la prévention reste le parent pauvre de la stratégie nationale de lutte contre le VIH/Sida : "Beaucoup de choses restent à faire en matière de prévention, en raison du gisement de personnes non encore dépistées. La prévention est la riposte la plus appropriée face à cette maladie qui semble vite se propager ces dernières années. Le dépistage devra être placé en première ligne de la stratégie de prévention, d'autant que les cas de décès enregistrés jusque-là sont liés au diagnostic généralement établi tardivement. Sans détours, M. Zeddam ne manquera pas d'incriminer le comportement des gens dans la propagation du virus VIH/Sida par voie sexuelle. "Des enquêtes ont conclu que le comportement des gens vient en première ligne dans la transmission du sida. C'est la voie sexuelle qui est responsable du plus grand nombre de contamination. L'hygiène hospitalière ne représente pas beaucoup, selon l'étude. Il y a vraiment peu de cas propagés à cause de l'hygiène hospitalière." Dans le même ordre d'idées, des participants qui nous ont évoqué le dépistage universel ont expliqué que les services compétents sont en mesure de programmer le dépistage à l'occasion des tests prénataux, lors des tests de circoncision ou encore à l'occasion des examens effectués par des femmes enceintes. "Le corps médical est interpellé pour jouer un rôle en proposant carrément de faire des examens sérologiques pour dépister le sida et l'hépatite virale", suggèrera le Dr Youcefi, secrétaire général de la SAI. "Beaucoup de personnes ignorent leur statut médical. Ils ne savent pas s'ils sont porteurs du virus de l'hépatite, alors que pas moins de 60 centres sont ouverts à cet effet à travers le territoire national, d'où l'importance de la sérologie en urgence." En attendant et selon des estimations établies sur la base du taux fixé par l'OMS qui est de l'ordre de 1% pour 100 000 habitants, pas moins de 400 000 cas d'hépatite C ne sont pas dépistés. Cependant, le taux fixé pour l'hépatite B, qui est classée par les maladies infectieuses qui bénéficient d'un traitement vaccinal depuis 2003, est de 2,5% pour 100 000 habitants. "Les taux des personnes atteintes d'hépatite B sont ceux qui ont été dépistés avant l'actualisation du calendrier national des vaccins, soit avant 2003. Il n'y a pas lieu de s'inquiéter pour les personnes nées postérieurement à 2003, puisqu'elles ont été vaccinées", rappellera encore le Dr Youcefi. Ce rendez-vous académique, qui s'étalera sur trois jours, aura le mérite, dit-on, de lever le voile sur les actualités des autres maladies infectieuses "émergentes ou réémergentes" en Algérie. Selon les estimations de l'Onusida, le taux des nouvelles infections en Algérie est de 38%, entre la période de 2010 à 2018. Des infectiologues devront débattre, également, des nouvelles maladies contagieuses. Il sera question notamment du retour du vibrion cholérique qui avait fait deux morts et 102 cas de choléra confirmés cette année. Ils devront se concerter, aussi, sur les différents modes de contamination et sur les voies de pénétration des virus, notamment de la dengue ou West Nile Virus, ou celui d'Ebola. Hanafi H.