Depuis l'éclatement de l'affaire de l'assassinat du journaliste saoudien, l'administration a adopté des postures contradictoires face à Riyad qui a fourni, de son côté, plusieurs versions qui ont semé le doute chez ses alliés. Bousculé par les dernières révélations de la presse américaine sur l'implication, de plus en plus avérée, du prince héritier Mohammed Ben Salmane (MBS) dans l'assassinat du journaliste opposant Jamal Khashoggi le 2 octobre dernier au consulat saoudien d'Istanbul, le président des Etats-Unis, Donald Trump, se cherche une porte de sortie pour sauver son allié saoudien dans la région du Proche-Orient. Interrogé par les journalistes, samedi, lors de son déplacement en Californie, M. Trump a déclaré que "les Etats-Unis détermineraient dans quelques jours qui a tué M. Khashoggi". L'annonce de M. Trump intervient alors que deux quotidiens américains affirment, en citant des sources anonymes, que la CIA a conclu que l'assassinat avait été commandité par le puissant prince héritier saoudien. Parlant à des journalistes à Malibu, M. Trump a annoncé qu'un "rapport complet" sur le point de savoir "qui l'a fait" serait achevé "dans les deux prochains jours (hier ou aujourd'hui)", puis il a mentionné un délai différent, "lundi ou mardi (aujourd'hui ou demain)". Quelques heures plus tôt, Heather Nauert, porte-parole du département d'Etat américain, a déclaré que les "Etats-Unis n'avaient, à ce stade, abouti à aucune conclusion définitive sur les responsabilités dans l'assassinat de Jamal Khashoggi". Elle réagissait à des informations du Washington Post et du New York Times, qui citent des sources anonymes selon lesquelles la CIA a conclu que c'était le prince héritier qui avait commandité l'assassinat du journaliste. "Les récentes informations selon lesquelles le gouvernement américain a abouti à une conclusion définitive sont inexactes", avait estimé Mme Nauert dans un communiqué. " Nombre de questions demeurent sans réponse", a-t-il ajouté. M. Trump s'est entretenu samedi par téléphone avec la directrice de la CIA Gina Haspel et avec le secrétaire d'Etat Mike Pompeo, a indiqué la porte-parole de la présidence, Sarah Sanders. Interrogé avant son départ de la Maison-Blanche, M. Trump est resté évasif sur l'enquête Khashoggi, mais a longuement insisté sur l'importance des liens entre les Etats-Unis et l'Arabie Saoudite. "Ils sont un allié véritablement spectaculaire en termes d'emplois et de développement économique", a-t-il déclaré. "Je suis président, je dois prendre beaucoup d'éléments en compte", s'est-il justifié, démontrant une nouvelle fois que les intérêts passent avant la vie du journaliste Khashoggi qui a dénoncé maintes fois la politique de Donald Trump au Proche-Orient. Tout en affirmant la (douteuse) volonté des Etats-Unis que les responsables de l'assassinat soient punis, Mike Pence a souligné que Washington voulait aussi garder un "partenariat fort et historique" avec l'Arabie Saoudite, avec comme arrière-fond la protection d'Israël contre toute action visant à stopper ses exactions contre le peuple palestinien et ses agressions répétées contre la Syrie et le Liban. L. M./Agences