La crise qui s'installe au FLN n'a toujours pas révélé tous ses secrets. Il apparaît nettement que l'ex-parti unique s'est engouffré dans un véritable engrenage et l'on ne sait pas s'il est en mesure d'en sortir sans séquelles. Les pronunciamientos et autres démentis au sujet du départ ou pas d'Ould Abbes cachent mal une situation plus que jamais incertaine pour une grosse pointure dans l'échiquier politique national. Certes rompus au jeu de coulisses et aux coups bas, les militants du FLN ou, du moins, une partie d'entre eux se sont étonnamment mis dans l'embarras en annonçant le départ de Djamel Ould Abbes, via l'agence officielle APS, avant qu'une autre aile n'annonce le contraire. La réunion d'hier des responsables du FLN avec des représentants du RND, du MPA et de TAJ dans le cadre de l'alliance présidentielle, même pauvre en déclarations sur le sujet qui agite la presse, à savoir le cas d'Ould Abbes, était, néanmoins, riche en enseignements concernant ce même sujet. Pour représenter le FLN, il y avait un trio de cadres réputés proches d'Ould Abbes. Ahmed Boumahdi, membre du comité central, Nadir Boulagroune, chef de cabinet d'Ould Abbes et Mustapha Rahiel, membre du bureau politique, nommé par le SG. Aux questions insistantes de la presse sur le cas Ould Abbes, M. Boumahdi, qui estime être le titulaire légitime du poste de SG par intérim en cas de départ du SG, conformément aux statuts du parti, a réitéré que "le SG est en convalescence", soutenant qu'Ould Abbes "n'a pas démissionné". Il a, par ailleurs, indiqué que le SG gère le parti "à partir de chez lui" et que "le bureau politique s'en charge à l'intérieur du siège". Mais face à cette certitude de Boumahdi, d'autres voix expliquent que le départ définitif d'Ould Abbes sera "incessamment acté". Un membre du bureau politique, pourtant proche d'Ould Abbes, nous a confié que "la situation connaîtra d'importants développements d'ici à trois jours". Qu'en sera-t-il de l'actuel SG ? Notre interlocuteur tente de nuancer en annonçant "un règlement en douceur" du conflit. Cela dit, précise un autre membre du bureau politique, "le parti fonctionnera avec un directoire jusqu'à l'après-présidentielle". Parallèlement à ces affirmations, certains tentent plutôt de résister et accusent des "seconds couteaux" qui agissent au profit de forces en dehors du FLN. "Ould Abbes a pris le dessus et il restera à la tête du FLN", persiste un proche d'Ould Abbes, expliquant que "ceux qui ont profité de sa maladie pour annoncer sa démission ont créé une situation inextricable". Sans trop donner de détails, il est utile de souligner que la démission de Djamel Ould Abbes contraindra le parti à convoquer une rencontre du comité central au bout de 30 jours d'intérim. Ce qui est redouté, selon un membre du comité central, c'est carrément l'implosion que provoqueront, inéluctablement, "les tiraillements au sein de cette structure". Il a rappelé, à ce propos, "les dissensions nées de la nomination d'Ould Abbes, l'attente des partisans de Bouhadja, de Belkhadem et de Saâdani". Il a expliqué que "le recours délibéré à un directoire en violation des statuts du parti est la seule porte de sortie pour le parti". Ce qui explique, finalement, la problématique du cas Ould Abbes. Sa démission ouvrirait la boîte de Pandore. Ce que tout le monde craint au FLN. M. Mouloudj