L'écrivaine Wassyla Tamzali a animé une rencontre au 11e arrondissement de Paris, durant laquelle elle a abordé différents sujets, notamment la liberté dans l'écriture ainsi que son parcours de militante féministe. Le théâtre de Belleville (11e arrondissement de Paris) a abrité, dimanche, une rencontre-débat avec l'écrivaine et militante féministe algérienne Wassyla Tamzali, sur le thème "Ecrire en Algérie". À ce propos, pour la conférencière, l'écriture ne se réalise pas uniquement à travers les livres, mais aussi dans tous les arts comme la peinture, la sculpture… C'est donc au sens large qu'il faut comprendre l'écriture qui permet ce que l'oralité risque de rater : laisser des traces. Pour Wassyla Tamzali, il y a plus de liberté dans les arts plastiques que dans l'écrit pour exprimer les non-dits. L'oralité est utile, mais insuffisante pour transmettre les connaissances. "Même une œuvre écrite qui peut paraître insignifiante peut devenir majeure dans le temps", ajoute l'écrivaine qui cite l'exemple de son essai intitulé En attendant Omar Guetlatou, tombé dans l'oubli et qui inspirera plus tard des activités culturelles en Amérique. Un sujet semble occuper entièrement son esprit : les Ateliers sauvages. C'est l'épicentre de ses activités culturelles, un espace situé dans la rue Didouche-Mourad, au centre d'Alger, créé par Tamzali qui en explique les objectifs : "C'est d'abord pour que la culture se réapproprie l'espace urbain occupé par les activités commerciales. C'est ensuite pour organiser des évènements culturels qui répondent aux problèmes de la société. Ce n'est pas une galerie d'exposition, mais un lieu de création. Les artistes séjournent et produisent des œuvres qui sont suivies de visites d'ateliers pour les découvrir et débattre. Ces ateliers sont destinés aux artistes émergents qui ne trouvent pas d'autres cadres d'épanouissement et qui veulent vivre et travailler en dehors du cadre officiel." Wassyla Tamzali estime que si Alger n'est pas un paradis culturel, il existe des librairies, des galeries et des salles qui résistent et qui font des choses intéressantes. Elles sont l'œuvre de personnes qui sont dans l'action. Agir au lieu de parler. Elargir les espaces de liberté est l'idée qui a motivé la création des Ateliers sauvages. La conférencière parle de son parcours de militante féministe, lequel "s'insère dans l'expérience du féminisme maghrébin laïc et qui s'inspire du féminisme universel. Il y a des féministes musulmanes qui veulent l'égalité des droits et celles qui se réclament des principes du Coran". La conférencière estime que contrairement à ce qui se passe en Tunisie, ce n'est pas toute la société qui est en mouvement en Algérie pour l'émancipation des femmes, mais des groupes sociaux localisés dans les grandes villes. Les femmes tunisiennes se sont battues farouchement chaque fois que les islamistes ont essayé de faire régresser leurs acquis. Par ailleurs, alors que dans les années cinquante, Bourguiba a imposé le respect des droits des femmes, l'Algérie a abordé leur statut dès 1962 en faisant appel aux oulémas et aux religieux. C'est de Tunisie que vient encore, aujourd'hui, l'idée de garantir l'égalité dans l'héritage sans distinction de sexe. Sur tous ces sujets, Wassyla Tamzali est convaincue que "le meilleur moyen de faire évoluer positivement les droits est l'instauration d'une véritable démocratie". À l'issue de cette rencontre, Wassyla Tamzali a annoncé qu'elle projette de publier Le Grand Carnet qui sera consacré à la place de la culture en Algérie et aux rapports humanistes entre les artistes et le public. De Paris : Ali Bedrici