Il y avait foule, jeudi matin, à la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou où de nombreux citoyens et toute une pléiade d'artistes peintres venus de plusieurs régions d'Algérie ont tenu à assister à l'inauguration de la 9e édition du traditionnel Salon "Djurdjura" des arts plastiques qu'organise, chaque année, la Direction de la culture de Tizi Ouzou. Placé sous le thème très significatif de "Sur le chemin de Tajmaâth", cette édition est dédiée, cette année, à Denis Martinez, célèbre artiste peintre algérien qui est adulé en Kabylie pour avoir été l'un des principaux animateurs de la "Fête de la poterie" de Maâtkas et du fameux festival "Raconte-arts" qui sillonne, chaque année, des villages de Kabylie depuis une quinzaine d'années. "Tout un espace de ce Salon lui est exclusivement réservé pour exposer et présenter, à travers ses différentes créations, le parcours de l'homme et de l'artiste, dont le destin, comme l'œuvre, sont liés viscéralement à l'Algérie", dira, à l'occasion, la directrice de la culture de Tizi Ouzou, Nabila Goumeziane, qui a tenu à rappeler que "Denis Martinez est l'un des fondateurs du groupe ‘Aouchem' (tatouage) créé en 1963, rassemblant une dizaine d'artistes peintres et de poètes et, en plus de son talent d'artiste peintre, Denis Martinez a publié plusieurs poèmes et illustré de nombreux recueils de poèmes ainsi que des ouvrages littéraires". Très applaudi par la nombreuse assistance, lors de la cérémonie d'ouverture, Denis Martinez a été convié à prendre la parole pour rappeler sa vie en Algérie et son parcours artistique, lui qui est né le 30 novembre 1941 à Marsat El-Hadjadj (ex-Port aux poules), non loin de la ville d'Oran, et qui est considéré comme l'un des grands artistes peintres algériens contemporains et l'un des meilleurs enseignants de l'Ecole supérieure des beaux-arts d'Alger où il a exercé durant une trentaine d'années, soit de 1963 à 1993. En 1994, il a décidé de s'exiler en France où il a enseigné à l'Ecole supérieure d'art d'Aix-en-Provence durant deux ans tout en étant l'initiateur de plusieurs manifestations artistiques telles que "Culture algérienne, cultures vivantes" en 1995 à Marseille, "Expressions algériennes contemporaines" en 2000 à Aix-en-Provence et "Jonctions Djazaïr" en 2003 à la Friche de la Belle de mai, non loin de Marseille, et ce, avant de contribuer au lancement du festival "Raconte-arts" en 2004 en Kabylie aux côtés de ses amis Hacène Metref et Salah Silem. "Je suis heureux de revenir à chaque fois à Tizi Ouzou qui a la chance de posséder une Maison de la culture digne de ce nom dans la mesure où il y a des bibliothèques qui fonctionnent, des évènements culturels qui se succèdent et un personnel qui se démène à longueur d'année dans un espace harmonieux et agréable à vivre", nous dira Denis Martinez qui a regretté que "cette manifestation n'ait pu se tenir dans la nouvelle salle d'exposition qui devait être inaugurée à l'occasion, mais disons que j'ai quand même tenu à marquer le coup, moi qui n'ai pas exposé à Alger depuis longtemps mais qui continue à sillonner les autres villes du pays car Alger n'est pas l'Algérie et si la capitale est une vitrine trop encombrée, il est certainement temps de mettre le cap sur des capitales culturelles telles que Tizi Ouzou, Bel-Abbès, Béjaïa, Oran… Mais l'Etat doit mettre les moyens qu'il faut pour professionnaliser davantage la culture algérienne". Mohamed HAOUCHINE