Réhabiliter les vergers les plus anciens ayant donné, grâce à la porte-greffe bigaradier, la clémentine de Messerghine originelle, et relancer par ce biais la culture des agrumes en général, tel est le souhait des agrumiculteurs des communes de Messerghine et de Boutlelis (wilaya d'Oran). Un vœu partagé par la Chambre d'agriculture d'Oran qui, du coup, interpelle les responsables locaux et le ministère de l'Agriculture. C'est à l'occasion de la première journée nationale consacrée à la clémentine de Messerghine, marquée par la tenue ce jeudi, sur la place publique de Messerghine, d'un salon avec une vingtaine d'exposants et producteurs d'agrumes, que nombre d'entre eux, souvent de jeunes ingénieurs en agronomie, ont pu présenter leurs produits et évoquer leurs attentes. Ainsi, à l'instar d'une nouvelle génération d'agriculteurs formés au centre de formation professionnel de Messerghine, une jeune ingénieure agronome spécialisée dans les pépinières de clémentine, F. Badiâa, a fait part de son expérience. "Je suis diplômée depuis 2016, j'ai entamé maintenant la gestion d'une petite exploitation et l'on a un début de production. Les porte-greffes que j'ai sont issus d'un clémentinier de 100 ans qui se fait vieux, et maintenant, avec la pépinière, nous sommes nombreux ici à vouloir relancer la clémentine locale qui a un goût particulier et qui est de premier choix." La jeune femme évoquera l'attente qui est la sienne et celle de beaucoup d'autres jeunes agrumiculteurs : "Nous avons sollicité les autorités pour avoir au moins un appui pour la réalisation des serres de pépinières, la fourniture du plastique, etc. Il faut renouveler les plants." Et notre jeune agricultrice de dire : "Nous attendons encore une réponse !" Faisant écho à ces attentes, le wali d'Oran s'est voulu positif : "En tant que pouvoirs publics, l'on doit apporter notre aide et notre soutien à ces agriculteurs qui s'engagen tous les jours pour préserver cette variété de qualité et la développer davantage." Rappelant l'importance de ce berceau de la clémentine dans la région et à Messerghine même, le wali s'engagera à apporter les aides et "les financements nécessaires pour encourager et accompagner les agriculteurs pour les campagnes de renouvellement et de réhabilitation de la variété clémentine". Il annoncera dans la foulée une journée d'étude qui sera organisée à cet effet, avec la participation des concernés et d'experts. Mais pour l'heure, la première tâche sera de préserver les actuels vergers et de mettre fin à la disparition progressive des périmètres d'agrumes dans la région, passant de 600 ha à seulement 275 ha ces dernières années. Le rêve d'une labellisation de la clémentine attendue depuis deux ans et de la relance du berceau de la clémentine de Messerghine se réalisera si les vœux se concrétisent en actes concrets. D. LOUKIL