Le président ukrainien promulgue la loi martiale, entre-temps Moscou annonce sa décision de déployer un nouveau système de missiles sol-air S-400 en Crimée. Le président ukrainien, Petro Porochenko, a promulgué hier la loi martiale dans son pays, en pleine tension avec Moscou. «Le président Porochenko a signé la loi» votée lundi par le Parlement ukrainien, a annoncé un de ses porte-parole, Sviatoslav Tsegolko. Sa durée est de 30 jours et touche dix régions frontalières et côtières. Cette mesure constitue la réplique de Kiev à la capture par des gardes-côtes russes de trois navires de la marine ukrainienne, dimanche en mer Noire, au large de la péninsule de Crimée, annexée par la Russie en 2014. Un peu plus tard dans la journée, l'Ukraine a dénoncé la détention «illégale» de ses 24 marins, faits prisonniers lors de cet accrochage. Une note de protestation contre «la poursuite par la Russie de ses actions illégales» – allusion à la détention des militaires – a été envoyée au ministère russe des Affaires étrangères, a annoncé la diplomatie ukrainienne dans un communiqué. En parallèle, Moscou s'apprête à déployer un nouveau système de missiles sol-air S-400 en Crimée, selon un responsable militaire russe. «Dans un avenir proche, le système de missiles antiaériens se mettra en position de combat pour protéger l'espace aérien de la Fédération de Russie», a déclaré le colonel Vadim Astafiev, porte-parole du district militaire russe du Sud, cité par l'agence de presse Interfax. Selon l'agence de presse Ria Novosti, il sera en place avant la fin de l'année. Il rejoindra les trois systèmes S-400 déjà en service en Crimée. Une source dans les services de sécurité russes avait déclaré, en septembre à Ria Navosti, qu'un quatrième système S-400 devait être déployé en Crimée près de Djankoï, petite ville située à proximité de la «frontière» avec l'Ukraine. D'une portée théorique de 400 km, le S-400 est le dernier-né des systèmes de défense antiaérienne et antimissile de la Russie. Echange d'accusations Un peu plus tard dans la journée, le président russe, Vladimir Poutine, a déclaré au sujet de cette opération que les forces russes ont rempli leur devoir «à la perfection, avec précision», affirmant que les équipages ukrainiens n'ont pas répondu aux mises en garde russes. Qualifiant l'accrochage de «provocation» et d'«incident frontalier», il a ensuite accusé son homologue ukrainien de l'avoir organisé dans la perspective de l'élection présidentielle prévue pour mars 2019 en Ukraine. Le président Porochenko «a des chances de ne pas aller au second tour. C'est pourquoi, il devait faire quelque chose», a soutenu Vladimir Poutine, observant qu'il s'agit d'«un jeu pour attiser la tension, un jeu malhonnête à l'intérieur du pays pour faire pression sur ses opposants politiques». Le président russe a ajouté qu'en septembre, des navires de guerre ukrainiens étaient passés «tranquillement» par le détroit de Kertch. La veille, son homologue ukrainien, Petro Porochenko, avait accusé la Russie d'avoir renforcé sa présence militaire à la frontière ukrainienne, mettant en garde contre «la menace d'une guerre totale» avec son voisin. Entre-temps, le président américain Donald Trump a menacé d'annuler sa rencontre, prévue pour la fin de la semaine, avec Vladimir Poutine au sommet du G20 en Argentine. «Je n'aime pas cette agression. Je ne veux pas d'agression», a déclaré le président américain. Cependant, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a soutenu hier que la «préparation» de cette rencontre se poursuit, ajoutant n'avoir «aucune autre information» de la partie américaine. Face à cette situation belliqueuse, les autorités ukrainiennes ont assuré à plusieurs reprises que la loi martiale a un caractère «préventif». «L'objectif de la loi martiale consiste à montrer que l'ennemi payera très cher s'il décide de nous attaquer. Cela sera comme un douche froide qui arrêtera les fous ayant le projet d'attaquer l'Ukraine», a déclaré mardi à la télévision le président Porochenko. L'accrochage en mer Noire s'est produit lorsque des bâtiments de la marine ukrainienne ont tenté de traverser le détroit de Kertch pour entrer dans la mer d'Azov, itinéraire important pour les exportations de céréales ou d'acier produits dans l'est de l'Ukraine.