L'AACC considère que la lutte contre la corruption doit devenir l'affaire de tous et constituer un impératif que doit mener le pays sans plus tarder. L'Association algérienne de lutte contre la corruption (AACC) a souligné, dans un communiqué parvenu hier à notre rédaction, consacré à l'état des lieux en matière de lutte contre la corruption, 15 années après l'adoption de la Convention des Nations unies contre la corruption (CNUCC) et sa ratification par l'Algérie en avril 2004, que le pouvoir algérien n'autorise toujours pas la société civile à célébrer la Journée mondiale de lutte contre la corruption. L'AACC, qui considère que la lutte contre la corruption doit devenir l'affaire de tous et constituer un impératif que doit mener le pays sans plus tarder, plaide pour "une volonté politique ferme et indispensable, appuyée par des objectifs clairs qui doivent s'inscrire dans une stratégie nationale cohérente et empreinte d'un esprit de démocratie et de liberté"… Le document de l'AACC note, également, que "le président Bouteflika avait signé le décret présidentiel portant ratification de la CNUCC, sans passer par le Parlement (Journal officiel n°26 du 25 avril 2004)" et rappelle que "dans le prolongement de cette ratification, les députés ont voté, le 3 janvier 2006, la loi relative à la prévention et la lutte contre la corruption". Une loi qui s'avèrera "en très net décalage par rapport aux mesures et aux recommandations de la CNUCC, et ce décalage est un choix politique du pouvoir en place", relève, plus loin, le communiqué. Et partant, l'AACC s'interroge : qu'en est-il en Algérie de la lutte contre la corruption, 15 ans après l'adoption de la CNUCC ? Elle y décèle un résultat quasi nul, faute de volonté politique, et pis encore, "contrairement à de nombreux pays qui ont ratifié la CNUCC et qui ont fait reculer la corruption, en Algérie, ce fléau ne cesse de faire d'énormes dégâts, aussi bien pour la grande corruption que pour la petite corruption, toutes les deux s'étant généralisées grâce à un climat de totale impunité". L'absence d'indépendance de l'Organe national de prévention et de lutte contre la corruption (ONPLC) illustre, selon l'AACC, le décalage qui existe entre les textes de février 2006 et la convention des Nations unies de par la déficience totale de cet organisme gouvernemental, "qui, après une hibernation de 2 années, vient de lancer un appel à candidatures pour des experts, des consultants et des hauts fonctionnaires". Aussi, "alors que la CNUCC insiste sur la protection des dénonciateurs et des victimes de la corruption, la loi algérienne du 20 février 2006 met en avant surtout la pénalisation de la dénonciation calomnieuse ! Disposition qui est confirmée par les faits, puisque les lanceurs d'alerte en matière de corruption font l'objet systématique de représailles, voire d'emprisonnement arbitraire, pratique abondamment illustrée par l'actualité de ces dernières semaines", avance l'AACC. Le processus de déclaration du patrimoine des agents publics, tel que prévu par la loi du 20 février 2006, peut également prêter à des susceptibilités de corruption selon l'AACC, qui le trouve "non seulement incomplet par rapport à ce que préconise la CNUCC, mais plus grave encore, il n'est pas appliqué". S'agissant du rôle de la justice algérienne dans le domaine de lutte contre la corruption, l'association regrette, notamment, "l'absence d'indépendance des magistrats, l'incompétence manifeste à traiter des dossiers de grande corruption à prolongement international, l'impunité pour les corrompus…" Kamel Ghimouze