L'Association algérienne de lutte contre la corruption (AACC) ne sera pas présente aujourd'hui à Panama-City où s'ouvre la 5e Conférence des Etats-parties de la Convention des Nations unies contre la corruption. La faute en incombe au gouvernement algérien qui a opposé son veto contre la participation de l'ONG menée par Djilali Hadjadj. L'Algérie ne sera donc représentée que par une délégation officielle. Cela n'a pas empêché l'AACC de rendre public un «rapport parallèle» sur l'application de cette convention en Algérie. Un rapport de 100 pages qui dresse un état des lieux sans complaisance, rappelant d'abord la fameuse sentence proclamée par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, lors d'un meeting tenu en 1999. «L'Algérie est un pays miné par la corruption», avait-il jugé. Mais depuis, il y a eu une explosion sans précédent de la corruption à tous les niveaux et dans tous les secteurs d'activité sans exception. «La ratification par l'Algérie des conventions internationales contre la corruption (onusienne et africaine) n'a pas connu de prolongements qualitatifs», constate l'association qui énumère un chapelet d'obstacles, notamment l'absence de volonté politique. «La piètre qualité de la transposition de ces conventions en droit interne est particulièrement révélatrice de cette absence de volonté politique. La loi du 20 février 2006 de prévention et de lutte contre la corruption est très ‘‘pauvre'' : déclaration de patrimoine vidée de sa substance; pas de protection des dénonciateurs de la corruption ; pas d'accès à l'information ; exclusion de la société civile ; pas d'indépendance pour l'Agence gouvernementale de lutte contre la corruption, etc.» La démocratisation de la corruption a généré un coût très élevé pour les Algériens et les mesures prises par les pouvoirs publics pour prévenir et lutter contre le fléau se sont révélées n'être que des illusions. D'ailleurs l'Organe de prévention et de lutte contre la corruption (ONPLCC), dont le décret de création a été publié en novembre 2006, n'a été installé qu'en 2011, 5 années plus tard, et est resté muet depuis ! Selon le rapport, la mise en œuvre de la CNUCC en Algérie est entravée aussi par «l'absence de visibilité dans la démarche du gouvernement, à un point tel que le processus de transposition apparaît très incohérent, avec une multiplicité de chantiers législatifs et réglementaires n'obéissant à aucun calendrier, lancés en vase clos, dans la précipitation, sans aucune suite logique et excluant les parlementaires». La qualité du système judiciaire demeure également un frein à la lutte, car «il est illusoire d'espérer d'une justice, elle-même gangrenée par la corruption, qu'elle puisse sévir avec efficacité contre ce phénomène», note l'AACC. D'où la nécessité d'une politique nationale de lutte contre la corruption qui dépasse le cadre des lois restrictives. Une politique qui constitue le véritable enjeu et sans laquelle toute avancée reste hypothéquée, aux yeux des militants de l'association, affiliée à Transparency International. «Dans le cas de l'Algérie, les lois issues de la transposition interne gagneraient à s'appuyer sur d'autres dispositions législatives consacrées par la Constitution : séparation des pouvoirs et indépendance de la justice, liberté d'expression, accès à l'information et liberté de la presse, élections démocratiques et alternance politique, etc.», lit-on encore.