Malgré l'effort de l'Etat à résorber la crise du logement, le secteur de l'habitat continue à enregistrer d'énormes carences dans cette wilaya et demeure loin des aspirations de la population de cette région. La wilaya de Bouira endure, à l'image d'autres wilayas du pays, une crise aiguë en matière d'habitat. D'une part, la demande du logement devient de plus en plus importante, suite à l'énorme retard accusé dans la réalisation des projets, et, d'autre part, les formules de cession ou d'attribution adoptées jusqu'ici n'ont pas été en mesure de garantir un essor à cause de leur rigidité et de leur aspect parfois bureaucratique. Les rapports annuels de synthèse établis par la direction de l'habitat et l'Office de la promotion et de la gestion immobilière rendent évidente cette difficulté et illustrent, par la force des chiffres, le marasme dans lequel végète le secteur de l'habitat. Ainsi, sur 1 739 logements sociaux à caractère locatif (LSL), dont le lancement des travaux de réalisation remonte à des années, seuls 651 sont attribuables. Et Alors qu'un nombre similaire attend d'être réceptionné, 403 demeurent toujours en cours de réalisation. Cet atermoiement est, en partie, dû au non-respect par les entreprises des délais de réalisation. D'autres formules impliquant le concours financier des acquéreurs, à l'image des formules LSP et Aadl, ont été ainsi lancées. La direction de l'habitat a enregistré 6 000 demandes de LSP au titre de l'année 2003/2004, et la wilaya n'a obtenu que 1 888, dont 1 200 ont été réalisés, soit un taux de 67%. Cependant, la réalisation de la partie restante est compromise. Pour ce qui est des logements Aadl, l'agence note un taux de réalisation inférieur à 50%. Sur les 300 logements dont a bénéficié la wilaya de Bouira, seuls 132 ont pu être achevés suite à l'abandon du projet par l'entreprise réalisatrice. En dépit de l'excellente qualité de ces logements et de la bonne allure constatée dans la progression des travaux de leur réalisation, des accrocs liés au foncier tendent, quand même, à mettre en difficulté cette avancée, du fait de la non-régularisation des terrains d'assiette destinés à recevoir ou ayant déjà reçu ces projets qui, soulignons-le, ont eu un écho considérable parmi la population bouirie. Dans les zones rurales, notamment en montagne, l'Etat a conçu un programme dit Aide à l'habitat rural destiné à stabiliser les citoyens de ces zones, en les encourageant à poursuivre leurs activités et, du coup, mettre fin au phénomène de l'exode. L'idéal était de leur fournir les moyens de réaliser leurs projets de construction et de restauration de leurs habitations, moyennant la caution de la Caisse nationale du logement. Mais cette option s'est avérée incapable d'atteindre les objectifs tracés. La mauvaise qualité du suivi de l'opération a engendré, dès les premières expériences, de multiples défaillances. Par ailleurs, l'amendement de la procédure de l'obtention de la caution CNL, visant à mettre fin au détournement des fonds par les promoteurs à d'autres desseins, a entraîné l'abstention de ces derniers. Seuls les promoteurs aisés sont venus à bout de leurs projets, car les subventions mettent, désormais, un retard énorme à être débloquées. Le comble c'est que un délai de réalisation stricte est imposé à ces bénéficiaires. Ainsi, les services techniques communaux ont saisi tout récemment tous les retardataires des nouvelles recommandations les contraignant d'accélérer les travaux et d'atteindre un taux de réalisation supérieur à 50%, sous peine de se faire retirer la caution. Et dans ce cas, les déchus n'auront plus jamais droit à une pareille aide, mais pourront prétendre à un logement. Entre les promesses alléchantes de l'Etat et la dure réalité du terrain, le citoyen ne sait plus à quelle logique se fier. Slimane ALLOUCHE