Le diagnostic établi lors de la session d'APW laisse apparaître plusieurs défaillances. Le LSP, LSL, logement promotionnel, l'habitat rural, le Fnpos, l'autoconstruction... sont autant de formules mises en oeuvre pour satisfaire un droit constitutionnel: le droit à un toit. Depuis l'indépendance et à ce jour, la crise du logement s'accentue devant une démographie galopante, contrastant avec le rythme de réalisation qui n'arrive pas à décoller pour, au moins, équilibrer ou rapprocher la demande de l'offre. La wilaya de Bouira, et depuis 2005, aura bénéficié de 41.236 unités, tout programme confondu. Le chiffre qui, à première vue parait important, reste très insuffisant. L'habitat rural: une satisfaction réservée Cette formule est mise en place pour freiner l'exode vers les villes. Cet exode a été derrière la naissance des bidonvilles et le recours à la location de lieux indécents comme les garages pendant toute une décennie. Le quota réservé à la wilaya comptabilise 36.392 logements dont 3300 inscrits dans le cadre du programme des Hauts-Plateaux. Pour le plan quinquennal 2010-2014, la wilaya vient de bénéficier d'une autre dotation de l'ordre de 20.000 unités. L'habitat rural reste l'unique satisfaction admise lors de la session APW qui a retenu l'habitat comme point à l'ordre du jour. La réussite, selon les différents intervenants, résulte de l'engouement et de l'adhésion des citoyens à cette formule. Construire un logement particulier en campagne, doté de l'électricité, de l'eau, du gaz... reste un rêve en ces temps où les villes sont de plus en plus stressantes et difficiles à vivre. Les facilités accordées ont été saisies toutefois par certains indélicats qui, grâce souvent à des complicités dans l'administration, ont bénéficié des aides de la CNL pour ériger des résidences secondaires, construire des habitations destinées à d'autres vocations... «L'Etat est dans l'obligation de se pencher sur ces pratiques et doit exiger la restitution des aides», proposera un élu sur ce point précis, surtout que ces indélicats prennent parfois la place d'autres postulants nécessiteux. La répartition des quotas par commune, qui obéit selon l'administration à plusieurs paramètres, n'a pas fait l'unanimité parmi les élus qui demandent une révision, mais surtout d'exclure les zones où un retard dans l'attribution est constaté. Parmi les autres remarques soulevées, nous retiendrons celle concernant les conditions d'éligibilité. L'obligation d'être détenteur d'un acte de propriété pour chaque demandeur, reste un handicap pour des postulants propriétaires dans l'indivision. «Les pouvoirs publics doivent accompagner les bénéficiaires dans le respect total des textes. Un célibataire ne peut pas postuler parce que le logement rural est destiné à abriter une famille, la construction doit garder son esthétique rurale et ne pas fausser sa nature», a souligné le wali aux interrogations des représentants du peuple. LSP, LSL, RHP... des formules ratées «Si pour le logement rural, la satisfaction est totale, pour les autres formules où l'Etat et les promoteurs construisent, l'échec est prouvé.» Le constat fait par le premier responsable de la wilaya est sans équivoque. Le diagnostic établi en cette circonstance laisse apparaître plusieurs défaillances. Ainsi, pour les projets confiés à des promoteurs privés, l'inexistence d'un cahier des charges qui définit les délais, les coûts, les responsabilités... a permis à quelques promoteurs indélicats de saisir l'opportunité pour s'enrichir sur le dos des citoyens. Hélas, ce comportement n'est pas l'apanage exclusif des privés, mais aussi de certains organismes étatiques. L'Aadl, à titre indicatif, et citée lors des débats «balance», à sa guise, 137 enseignants depuis plus de 7 années. Le projet confié à une entreprise défaillante déjà sur un autre projet, la domiciliation du projet sur plusieurs sites.. ont sérieusement porté préjudice à l'organisme, mais ont surtout sanctionné des citoyens qui ont payé une part du coût qui augmente d'année en année. Devant cette situation, le wali annoncera le début des travaux dès le mois de septembre prochain. «Si en septembre, les travaux ne débutent pas, vous aurez à faire à moi», dira le responsable au représentant de cet organisme. S'agissant toujours des lacunes, le retard dans le lancement de 3200 logements en plus du programme 2007 qui n'est toujours pas lancé, les élus et le responsable de l'exécutif voient l'utilité de conjuguer leurs efforts afin de mettre à niveau la situation «qui n'honore pas la wilaya quand on sait que dans d'autres wilayas, le programme 2010 est déjà en réalisation». Le RHP (résorption de l'habitat précaire) compte, à ce jour, 2300 unités. Retenu pour éradiquer les points noirs en ville, cette formule n'a pas échappé à ses semblables. Dès l'annonce du projet de relogement sur un site, des personnes n'hésitent pas à bâtir des habitations de fortune pour pouvoir bénéficier d'un logement. «Cet agissement sanctionne des personnes qui, parfois, attendent des années et des années pour pouvoir postuler à un logement décent.» La réservation d'un quota pour les cas sociaux et la réhabilitation de la formule logement social sont deux propositions faites pour ne pas léser les gens. Le chiffre de 2300 logements reste insuffisant au regard de la demande. La ville de Bouira, à elle seule, compte des milliers de familles qui résident dans des haouchs. A Djebahia, la cité Chaâbet Lakhira, la cité coloniale d'El Mokrani...sont autant de sites indignes d'un pays indépendant. Crise du ciment: une invention Parmi les justificatifs les plus en vue, préconisés en réponse à la question sur le retard dans la réalisation, figure la crise du ciment. La wilaya, pour rappel, dispose d'une cimenterie, de trois briqueteries, deux unités de fabrication de plâtre, deux unités de production de faïence et céramique, 20 carrières d'agrégats et de 10 stations d'enrobé, de 484 entreprises de réalisation et de 88 bureaux d'études. Malgré ce considérable potentiel, les projets d'habitat connaissent des retards dans la livraison. L'effort des maîtres de l'ouvrage comme l'Opgi, l'Agence de wilaya du foncier, la Dlep, la Duc... sont louables, mais le problème persiste. Lors des débats, la pénurie du ciment est revenue à maintes reprises comme justificatif. Les circuits de commercialisations sont à l'origine de la pénurie qui a été intentionnellement créée par des barons. La mise en veille des Edimco, l'écoulement des quotas sur le marché parallèle par certaines entreprises, les passe-droits, la corruption, sont les vraies raisons de la pénurie. L'arrestation d'un réseau, dernièrement, par la gendarmerie nationale, l'enquête en cours au niveau de la cimenterie de Sour El Ghozlane, sont deux indices qui confirment les appréhensions. D'autres mécanismes sont nécessaires Ne dit-on pas que «quand le bâtiment va, tout va». Capable de résorber le chômage, le secteur de l'habitat qui fait travailler plus de 18.000 personnes, participe directement à la stabilité de la société. Le mariage de plus en plus retardé chez nous est dans la majorité des cas une conséquence de cette crise du logement. L'Etat, en cette période d'embellie financière, a mis le paquet. Une réorganisation des mécanismes, plus de sévérité des pouvoirs publics... sont les conditions inévitables pour la relance du secteur et une étape dans la lutte contre les fléaux sociaux.