Il promet, par ailleurs, de doubler les reconduites aux frontières des immigrés clandestins. Connus pour être des rivaux, le nouveau premier ministre français, Dominique de Villepin, et son ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, accordent pourtant leurs violons. Aussitôt de retour à la place Beauvau, le président de l'UMP annonce son plan anti-immigration. Concocté avec le plein assentiment du chef de l'exécutif, ce programme drastique est fondé sur l'instauration de quotas. À sa présentation lors d'une convention de son parti sur l'immigration, tenue jeudi dernier, M. Sarkozy a enjolivé son propos en parlant de catégories. “Il faut reconnaître au gouvernement et au parlement le droit de fixer chaque année, catégorie par catégorie, le nombre de personnes admises à s'installer en France”, a-t-il expliqué. Anticipant les critiques de l'opposition et une levée de boucliers évidente des organisations de défense des droits de l'homme et de la lutte contre le racisme, le ministre de l'intérieur s'est inspiré de pratiques identiques en cours dans d'autres pays comme le Canada, la Suisse et la Grande-Bretagne. “Il faut choisir les flux migratoires et non pas les subir. D'autres pays l'ont fait”, a-t-il argué. Dorénavant, le tri des candidats à l'émigration outre-Méditerranée doit tenir compte des besoins économiques de la France. C'est du moins ce que préconise le plan Sarkozy. “Que nous soyons soucieux de planifier l'économie française en prenant en compte (les) professions, si besoin en liaison avec les pays sources de l'immigration, quoi de plus naturel”, a renchérit De Villepin. Annonçant la couleur jeudi soir sur France 2, il s'est gardé néanmoins de succomber à des choix racistes. “Pas de quotas ethniques ou de nationalités. Ce n'est pas l'esprit de notre pays, nous sommes fidèles à une tradition humaniste”, a-t-il assuré. Déjà, quand il était lui-même locataire de la place Beauvau, M. De Villepin avait donné le ton. Ayant initié son propre plan de tolérance zéro à l'égard de l'immigration clandestine, il avait en mai dernier exclu catégoriquement toute démarche de régularisation similaire à celle adoptée par Madrid. Estimant le nombre des sans- papiers entre 200 000 et 400 000, il avait exprimé la ferme intention de refouler le plus grand nombre du territoire français. Son successeur fait sien cet objectif et entend augmenter les conduites aux frontières de plus de 50%. Cependant, si en apparence, le patron de l'UMP exécute le programme de son Chef au gouvernement, il n'en réclame pas moins, en partie, la paternité, du temps où il avait ordonné la relance des charters. Son volontarisme n'est pas sans heurter l'ego et l'autorité de De Villepin. En créant un poste de secrétaire général du comité interministériel de contrôle de l'immigration, l'ancien secrétaire général de l'Eysée entend montrer que le patron, c'est lui. S. L.