Depuis son retour à la place Bauvau, Sarkozy a fait de la lutte contre les sans-papiers, son cheval de bataille. Encore une fois, la police française a procédé, hier, à une opération dans les «milieux islamistes», la seconde en une semaine, après celle du 26 septembre dernier. Les quatre individus interpellés, seraient liés à un groupe soupçonné d'avoir voulu préparer des attentats à Paris. Ces éléments, présentés comme faisant partie du Gspc, qui avait, rappelons-le, diffusé mi-septembre, un communiqué menaçant à l'égard de la France, feraient partie d'une nébuleuse activant en France, d'après les services de la DST. Un danger pesant qui a amené Nicolas Sarkozy à durcir la législation antiterroriste. Un projet qui préconise notamment un développement de la vidéosurveillance dans les lieux publics, mais aussi aux abords immédiats de lieux privés comme les lieux de culte et certains commerces. Il préconise également une surveillance accrue des appels téléphoniques via Internet. Ainsi, les cybercafés feront l´objet d´une attention particulière, en vertu des nouvelles dispositions. Ce qui n'a pas manqué de soulever un tollé général, aussi bien au sein de la classe politique que des organisations des droits de l'homme. Certains reprochent même à Sarkozy de prendre comme argument la lutte antiterroriste, pour remettre en cause le principe du regroupement familial, un principe défendu par des générations d'immigrés. Par ailleurs, les observateurs avertis préviennent que ce genre de mesures est susceptible d'accentuer le phénomène de l'immigration clandestine. Ils arguent du fait que c'est en limitant le nombre de visas accordés, que ce phénomène prendra des proportions incontrôlables. Il est utile de rappeler, que depuis son retour à la place Bauvau, Nicolas Sarkozy a fait de la lutte contre l'immigration clandestine, et partant des sans-papiers, son cheval de bataille. A deux ans de l'élection présidentielle, le ministre français de l'Intérieur, qui multiplie des déclarations et des coups de filet dans les «milieux-islamistes» et/ou musulmans- et qui cachent mal son ambition de briguer la magistrature suprême -, risque de faire le jeu du Front national, en passant de la droite à l'extrême droite. Il est clair que le score enregistré par Jean- Marie Le Pen, lors de la dernière présidentielle, inspire les politiques les plus hostiles, prêts à «draguer» l'électorat du Front national. D'autant plus que la dernière polémique opposant Nicolas Sarkozy à son Premier ministre Dominique de Villepin, un autre candidat potentiel à l'élection présidentielle de 2007, dénote de cette lutte acharnée autour de la succession de Jacques Chirac. Il convient de noter que les mesures de Nicolas Sarkozy, sous couvert de la lutte antiterroriste, pourraient déboucher sur des dépassements, et surtout susciter un sentiment de xénophobie à l'égard des communautés immigrées. Ce que Le Pen et ses adeptes ne manqueront pas de mettre à profit pour exhumer de nouveau leurs projets racistes et prétendre au bien-fondé de leurs thèses. L'instruction visant à expulser au moins 2500 sans-papiers par mois fait craindre le pire. Car, au rythme où vont les choses, les descentes dans les «milieux islamistes» pourraient s'étendre à toute la communauté musulmane. Et c'est là où réside le plus grand danger.