Le colloque organisé, ce week-end, à l'hôtel Hilton, à Alger, par le Centre d'El Khabar pour les études internationales, avec pour intitulé “pour une mondialisation équitable : un message d'espoir” a pris fin, hier après-midi, par la lecture de l'avant-projet de synthèse des travaux. Le colloque a consisté en des conférences-débats animées par des experts, des économistes, des philosophes et des politiques venus de différents horizons. Ils ont pour noms Frederico Mayor, l'ancien directeur général de l'Unesco, Robert Mundell, prix Nobel d'économie, Michel Rocard, l'ancien premier ministre français, George Labbica, professeur des universités et directeur honoraire du Centre de philosophie politique, économique et sociale (CNRS, France), Edward Nell, professeur d'économie à la New school university de New York depuis 1969, Abdelkrim Errouaki, économiste et expert international en finance et géopolitique, Omar Aktouf, professeur à l'université de Montréal et Smaïl Hamdani, l'ancien chef du gouvernement algérien (1998/1999). Les idées développées successivement par ces intervenants ont convergé, notamment, vers la nécessité d'appréhender la mondialisation, non pas comme une fatalité devant obéir au diktat du marché, mais comme un processus de développement intégré qui sache préserver les valeurs de justice, de liberté, d'égalité et de solidarité. Il faut pour cela engager “une bataille intellectuelle”, selon la formule de Michel Rocard, qui viendrait soutenir le combat des militants contre le système capitaliste tenté par “une marchandisation des sociétés”. Selon l'ancien premier ministre français, les pays du sud, qui, estime-il, ne sont déjà plus les seules victimes de l'ultralibéralisme, gagneraient à s'inscrire dans cette logique de résistance. Les participants craignent que “la domination des valeurs de marché sur les valeurs universelles”, conjuguée à “la faiblesse de la solidarité internationale”, notamment, ne provoque “une radicalisation des attitudes des plus défavorisés”, voire des formes de résistances violentes. Une crainte, certes, suggérée par l'état des lieux au niveau qui fait ressortir un regain de l'appauvrissement des populations jusque et y compris en Europe, mais aussi par l'exposé de George Labbica sous l'intitulé plus qu'évocateur “De la guerre aux résistances”. Les participants ont également souligné l'importance du respect des règles démocratiques de représentation populaire “garantissant, notamment, la liberté d'expression et de conscience”. Ils y voient un moyen, voire le seul moyen à même d'assurer “une réponse adéquate à certains effets pervers de la mondialisation (…)”. Ils relèvent que la mondialisation ayant “affecté les peuples et les états”, il en résulte des exigences qui, bien qu'insuffisantes, sont de nature à “favoriser la production de richesse dont la distribution doit être équitable pour garantir une prospérité partagée”. La qualité de l'éducation, le niveau de protection sociale, la maîtrise de la fiscalité, la flexibilité dans la régulation, la lutte contre la corruption et la stabilité, considérés comme “des facteurs déterminants” pour une telle équité dans la répartition des richesses, relèvent de ces exigences. Les travaux du colloque ont enfin débouché sur une autre conclusion, non moins importante. Dès lors qu'elles sont tributaires des aléas du marché et du commerce international, les règles de bonne gouvernance, quand bien même elles seraient respectées, pourraient s'avérer insuffisantes, étant donné la prédominance des devises fortes et des marchés boursiers spéculatifs. La crainte d'une telle insuffisance est d'autant plus grande, lit-on dans l'avant-projet de synthèse des travaux, que “les promoteurs du marché”, adeptes d'une mondialisation sous le label ultralibéral n'ont montré qu' “un faible engagement en faveur de la démocratie”. Farouk Lekhmici