Le maître de la musique diwan a été célébré vendredi dernier à la salle Ibn Zeydoun (Alger) par ses anciens disciples, venus rendre un ultime hommage à ce "mâalem" qui leur a transmis tant de valeurs. Le dixième anniversaire de la disparition du maître du diwan, Mâalem Benaïssa, a été célébré vendredi dernier dans la soirée à la salle Ibn Zeydoun de l'Office Riadh El-Feth (Oref) à Alger, avec un concert-hommage d'exception qui a réuni plusieurs formations musicales, ayant côtoyé pour un temps le grand maître du diwan qu'était Benaïssa Bahaz, dit Mâalem. Rarement la salle en question a connu une telle effervescence et une telle énergie. Rassemblés autour de l'amour de la musique, du partage, de la bonne humeur et du don de soi, des valeurs chères à Mâalem Benaïssa, qu'il inculquait d'ailleurs à ses musiciens, petits et grands, ceux qui l'ont connu ou qui le découvrent encore, auront immergé trois heures durant dans l'univers enchanteur et ô combien chaleureux du maître. Ifrikya Spirit, Amine Chibane, Zaki Project et beaucoup de surprises étaient au rendez-vous : Nassim Chettouhi, un de ses disciples, Djam, alias Ahmed Djamil Ghouli, Fayçal Soudani, son neveu Walid Bahaz, et ses anciens compères de Diwan Dzaïr se succéderont pour interpréter des morceaux du legs musical de Mâalem. Donnant d'emblée le ton, Zaki Mihoubi, ses musiciens et ses choristes enchaînent Ya lgoumri et d'autres titres avant d'inviter sur scène Nassim Chettouhi, virtuose du gumbri, et Djam, autour d'un feu d'artifice sensoriel, avant de céder la scène à Amine Chibane qui reprend son répertoire, Ifrikiya Spirit et l'impressionnant dynamisme de son leader Chakib Bouzidi. Ce dernier, justement, dira à propos de la soirée : "C'est un évènement unique, parce que nous célébrons les dix années de sa disparition, pour moi ça l'est d'autant plus que j'ai fait partie de Diwan Dzaïr de 2000 à 2008 en tant que percussionniste." Il retiendra, par ailleurs, du chanteur sa générosité et la mission qu'il s'était donnée d'aider les jeunes musiciens : "Durant ces huit ans, il m'a tout appris. Il m'a initié à ses instruments, m'a donné la chance de monter sur scène et m'a même poussé à créer ma propre formation qu'est Ifriya Spirit." Un savoir-faire et une musique transmis généreusement par le Mâalem, qui dix ans après sa disparition, ces mêmes jeunes qu'il a pris sous son aile autrefois lui ont rendu le plus vibrant des hommages. Zaki Mihoubi, leader du groupe Zaki Project, dira : "Benaïssa nous a fait musicalement. Au moment où je l'ai découvert, j'ai tout de suite voulu faire de la musique gnawa. Grâce à son ouverture d'esprit, sa sagesse et sa profondeur, mais surtout grâce à sa transmission. C'était un fédérateur, il a fait disparaître tous les clivages et tabous. Il nous a permis de goûter au gnawa à la source. Il nous a ouvert les portes de ce monde. Le gnawa était une confrérie, grâce à lui c'est devenu une école." À noter qu'une partie des recettes récoltées seront reversées à la famille de Mâalem Benaïssa, ont fait savoir les organisateurs du concert. Yasmine Azzouz