Théâtre de violences interethniques récemment, Ahwaz, une ville du sud-ouest du pays à forte communauté arabe, a été ébranlée par des explosions qui ont visé des bâtiments publics. Plongés dans la campagne électorale présidentielle, les Iraniens ont vécu des moments de frayeur, hier, en milieu de matinée. Quatre déflagrations espacées dans le temps ont coûté la vie à quatre personnes, selon le ministre iranien de l'Intérieur, et huit à en croire la télévision d'Etat, qui cite des sources hospitalières. “Il y a quatre morts, vingt-neuf blessés parmi les civils, huit parmi les forces de l'ordre”, a annoncé le vice-gouverneur de la province, Gholamreza Chariati, donnant davantage de crédit au bilan du ministère de l'Intérieur. Les explosions se sont produites entre neuf heures pour la première et onze heures pour la dernière (4h30 et 6h30 GMT). “L'une des bombes était placée dans une voiture devant la préfecture”, a déclaré l'ancien député réformateur Mohammad Kianouche Rad. Il ajoutera que “deux autres ont explosé dans le quartier administratif d'Amaniyeh”. Un témoin, Anouche Darihaki, raconte que “les gens se ruaient vers les hôpitaux. Toutes les rues menant sur les lieux ont été bouclées par la police. Toutes les fenêtres du secteur ont été soufflées”. “La rumeur parle de huit morts et de nombreux blessés. Je n'ai pas la moindre idée de qui a pu faire ça”, a-t-il ajouté. Les bâtiments de la délégation locale du ministère du Logement et de l'Organisation du budget et du plan ont été touchés. L'agence de presse officielle iranienne, Irna, rapporte que les engins avaient été disposés dans les toilettes et ont fait de nombreuses victimes parmi les employés et les usagers de ces administrations, dont l'intérieur a été largement dévasté. L'une des charges a explosé alors que les policiers étaient en train de la désamorcer, a indiqué à Irna le directeur en charge des affaires de sécurité au ministère de l'Intérieur. Ces attentats surviennent en pleine campagne présidentielle. Pour rappel, cette ville fut, en avril dernier, avec la province du Khouzistan, le théâtre, pendant plusieurs jours, d'affrontements entre la population arabe et les forces de sécurité. Les Arabes sont majoritaires à Ahwaz et forment une très forte communauté au Khouzistan, alors qu'ils ne représenteraient que 3% de la population iranienne totale, majoritairement persanophone. Quant à l'origine de ces attentats, les autorités officielles locales parlaient d'actes dirigés contre “l'intégrité territoriale”. L'on fait référence à la diversité ethnique de la province et du pays, mais aussi contre le bon déroulement de la présidentielle de vendredi prochain. Pour étayer cette thèse, les autorités iraniennes n'ont pas hésité à mettre en cause des éléments subversifs soutenus par des étrangers. K. ABDELKAMEL/Agences