Gravité n Le Président chinois, en visite officielle en Italie pour participer au sommet du G8, a dû interrompre son voyage et rentrer en Chine en raison de la situation au Xinjiang où des émeutes ont fait plus de 150 morts. Ces émeutes sont les plus graves depuis plusieurs décennies et Pékin a déployé des moyens impressionnants, ce mercredi, pour prévenir toute nouvelle flambée de violence à Urumqi, après trois jours de troubles interethniques dans la capitale régionale du Xinjiang. Des dizaines de milliers de membres des forces de sécurité ont été mobilisés dans la ville qui vit sous très haute tension depuis les émeutes interethniques de dimanche , environ 200 Ouïghours, portant des armes improvisées, ont protesté ce matin dans un quartier musulman d'Urumqi, capitale du Xinjiang, dans un face-à-face tendu avec la police, après la journée de chaos vécue hier. Ainsi, soldats et policiers, armés de fusils automatiques surmontés d'une courte baïonnette, en tenue anti-émeutes, ont pris position au cœur de la ville. Leurs mouvements visaient apparemment à séparer les Ouïghours, principale communauté musulmane de cette région de l'extrême nord-ouest de la Chine, des Hans, l'ethnie majoritaire dans le pays, afin d'éviter une répétition des violences. Outre les 156 morts, les émeutes ont aussi fait plus d'un millier de blessés. Les Hans ont envahi les rues d'Urumqi hier, armés de bâtons, de pelles et de machettes, clamant leur colère et leur soif de vengeance contre les Ouïghours, mais les forces de l'ordre, déjà en nombre, ont apparemment réussi à éviter des confrontations. Les frictions interethniques sont traditionnellement vives dans cette région de vingt millions d'habitants. Après une nuit de couvre-feu, des convois de camions circulaient ce mercredi matin dans Urumqi avec à leur bord des membres des forces de l'ordre scandant : «Protégez le peuple ! Préservez la stabilité !», tandis que des hélicoptères survolaient cette cité de plus de deux millions d'habitants. La rue du Peuple, artère traversant ce centre-ville d'est en ouest, était sous haute sécurité comme toutes les rues menant encore plus au sud, quartiers ouïghours, en cours de bouclage. Les membres des forces de sécurité avaient notamment ceint le bazar «le grand marché oriental d'Urumqi, au cœur du quartier ouïghour» de barrières, qu'ils étaient les seuls à franchir pour prendre position à l'intérieur.