"Dans un climat de délire collectif, la sortie (d'Ahmed Gaïd Salah, ndlr) n'est surtout pas pour rassurer les Algériens", a estimé la porte-parole du mouvement Mouwatana. La réponse du général de corps d'armée et vice-ministre de la Défense nationale, Ahmed Gaïd Salah, au général-major à la retraite, Ali Ghediri, a été longuement abordée, hier, au Forum de Liberté, par Mme Zoubida Assoul, présidente de l'Union pour le changement et le progrès et porte-parole du mouvement Mouwatana. Pour elle, la réponse du vice-ministre de la Défense à Ali Ghediri "ne rassure nullement". "Dans un climat de délire collectif, la sortie n'est surtout pas pour rassurer les Algériens", a-t-elle estimé, considérant que "le débat n'est pas du tout serein". La porte-parole de Mouwatana a rappelé que "l'armée a toujours joué un rôle et c'est elle qui fabrique les présidents", accusant au passage "certains" dirigeants de l'armée "de nous avoir menés à cette situation". "Ils ont donné leur caution à Bouteflika pour qu'il viole la Constitution en 2008 et ils ont permis le 4e mandat en 2014", a-t-elle souligné. "Rien ne peut justifier ce putsch contre la loi fondamentale", a ajouté Mme Assoul, estimant, par ailleurs, qu'"on ne peut pas résoudre tous les problèmes sans l'apport de l'armée", qu'elle invite d'ailleurs à assumer "les conséquences des dérapages qui ont été faits". Concernant la réaction du ministère de la Défense nationale aux sorties du général-major à la retraite Ali Ghediri, l'invitée du Forum de Liberté a estimé qu'elle "était d'une violence inouïe". Une violence qu'elle dit "déplorer". Mme Assoul considère que l'institution militaire "n'a pas le droit de s'immiscer dans le jeu politique" et "qu'elle doit rester dans le cadre de ses prérogatives et missions constitutionnelles". Toujours à propos de la réaction du MDN aux déclarations de Ghediri, elle a soutenu qu'en dénigrant un officier supérieur, l'institution "s'auto-insulte". Sur ce, elle s'est demandé "comment ce monsieur a eu son grade de général au sein de cette institution qui le traite aujourd'hui ainsi et avec beaucoup de délation ?". Elle a ajouté que cet échange violent nous renseigne sur le fait qu'avoir des ambitions "est devenu un crime de lèse-majesté". "Ils nous disent que ce monsieur ne représente rien, mais en même temps, c'était la panique après chacune de ses contributions dans la presse", a-t-elle ajouté, indiquant que contrairement au message qu'elle nous a fait parvenir, "l'armée devrait plutôt nous rassurer". Pour rappel, Ali Ghediri demandait, dans une récente interview, au vice-ministre de la Défense, Ahmed Gaïd Salah, d'assumer ses "responsabilités historiques" et d'"empêcher le 5e mandat". Dans sa réponse, le ministère de la Défense nationale (MDN) s'en était pris à l'ex-officier. "À l'approche de l'échéance électorale présidentielle, certains individus mus par des ambitions démesurées et animés par des intentions sournoises tentent, et par tous les moyens, notamment les médias, de préjuger des prises de position de l'institution militaire vis-à-vis des élections présidentielles et s'arrogent même le droit de parler en son nom", avait, en effet, écrit le MDN. Concernant la présence, récemment du général-major Ali Ghediri dans une réunion de Mouwatana, la porte-parole de ce mouvement a exclu toute adhésion de l'ex-général à Mouwatana, expliquant que sa présence entre dans le cadre des consultations et pourparlers engagés par Mouwatana avec des personnalités de la société civile. Mme Assoul a souligné que lors de cette même rencontre, le débat a tourné autour de la situation du pays, ainsi qu'autour des voies et moyens à même de dégager une position commune des présents. "Ali Ghediri est un Algérien et Mouwatana consulte tout citoyen qui s'oppose à la politique du fait accompli", a-t-elle encore dit, précisant que lors de cette rencontre à laquelle ont pris part plusieurs autres personnes, dont Ahmed Benbitour, "on n'a pas du tout évoqué l'adhésion de Ghediri à Mouwatana et encore moins d'une quelconque intention de candidature à la présidentielle au nom de notre mouvement". Elle a ajouté, à ce propos, que le concerné "est un citoyen algérien" qui ouvre "droit de se porter candidat comme tout autre citoyen remplissant les conditions nécessaires". Mohamed Mouloudj