Réceptions d'ambassadeurs, questions écrites et orales aux membres du gouvernement et journées parlementaires, voilà de quoi est faite la vie parlementaire depuis quelques semaines. L'Assemblée populaire nationale tourne au ralenti. En pleine session parlementaire, les députés sont en congé forcé. Depuis la fin des débats sur la loi de finances 2019, les membres de l'Assemblée populaire nationale sont dans une période de chômage qui ne dit pas son nom. Pis encore, depuis la reprise de l'activité parlementaire en septembre dernier, seuls 9 projets de loi ont été examinés et, bien sûr, adoptés sans changement. Ce qui dénote d'une activité au ralenti d'une institution qui, pourtant, doit être au cœur de l'activité institutionnelle. Sur le site de la Chambre basse du Parlement, les rares informations disponibles ont trait à la diplomatie parlementaire. Le président de l'APN, Moad Bouchareb, reçoit quelques ambassadeurs, tandis que le président de la commission des affaires étrangères et de la coopération, Abdelhamid Si-Afif, a constitué le groupe d'amitié algéro-turc, pendant que deux de ses collègues se trouvaient mardi à Strasbourg pour rencontrer leurs homologues du Parlement européen. Rien de plus. Dans la journée d'hier, le bureau de l'Assemblée, réduit lui aussi à gérer les affaires administratives courantes, informe qu'une session plénière sera organisée, ce jeudi matin, pour poser huit questions orales à 4 ministres, ceux des Moudjahidine, des TIC, de la Solidarité et des Travaux publics. Ce sont souvent des questions adressées depuis longtemps aux membres du gouvernement. Cette indigence de l'activité parlementaire s'ajoute à la mauvaise image qui se dégage de cette institution depuis bien longtemps. Outre l'absence d'initiative venant de ses membres, l'APN s'est totalement arrimée à l'activité gouvernementale. Et en l'absence de projets de loi venant de l'Exécutif, la Chambre basse tourne à vide. C'est ce qui se passe en ce moment. Pourtant, lors de l'ouverture de la session du Parlement, qui s'achèvera en juillet prochain conformément à la Constitution révisée en 2016, le président déchu, Saïd Bouhadja, avait énuméré un nombre important de lois à faire adopter. Ce dernier a dû plier bagage, victime d'une destitution à la hussarde. En octobre, au lieu d'une activité parlementaire ordinaire, c'est à un scandaleux bras de fer auquel les Algériens ont assisté durant plusieurs semaines. Le clou de ce spectacle désolant a été la fermeture des portes de l'institution parlementaire à l'aide de cadenas. Bouhadja a été "chassé" par la violence, ouvrant la voie à Moad Bouchareb. Depuis son arrivée à la tête de la Chambre basse, l'homme n'a présidé que quelques plénières, dont l'essentiel a été consacré aux débats, expéditifs, sur la loi de finances. Attendue comme un grand moment politique de la fin de l'année dernière, la présentation du rapport d'activité du gouvernement n'a pas eu lieu. Les services du Premier ministre ont expliqué cette défection, pourtant prévue par la Constitution, par la densité des activités d'Ahmed Ouyahia. Mais d'aucuns ont vu dans ce geste le manque d'intérêt qu'accorde l'Exécutif à une activité parlementaire réduite à sa plus simple expression. Ali Boukhlef