La SG du PT a précisé que la position du parti par rapport à la présidentielle sera tranchée par le bureau politique et le comité central qui se réuniront, successivement, dans les jours qui viennent. "Cette fois-ci, il ne s'agit pas d'une simple question tactique car, pour nous, participer ou pas relève de la tactique, mais le contexte fait que la question du scrutin prend d'autres proportions. L'enjeu aujourd'hui, c'est la pérennité même de la nation algérienne", a déclaré, hier, la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, qui, tout en réservant sa réponse sur la question de la participation ou non de sa formation à l'élection présidentielle du 18 avril prochain, s'est interrogée : "Cette présidentielle se tiendra-t-elle dans la sérénité ou, au contraire, ouvrira-t-elle les portes au chaos ?" Dans son discours prononcé à l'ouverture des travaux du bureau d'Alger de son parti, Louisa Hanoune a indiqué que cette question sera débattue en fin de semaine par le bureau politique et sera tranchée par le comité central du PT qui se tiendra ultérieurement. La patronne du PT, plusieurs fois candidate à l'élection présidentielle, préfère, cette fois-ci, temporiser, le temps de voir plus clair, au regard, dit-elle, de "la complexité de la situation politique actuelle du pays". Une situation qu'elle qualifie, en outre, d'"anormale". "Il est vrai que la convocation du corps électoral est en soi un facteur de clarification de la situation politique, mais les interrogations légitimes demeurent : la présidentielle se tiendra-t-elle dans la sérénité ? C'est-à-dire dans le cadre de conditions permettant d'aller vers le renouveau politique, la transformation démocratique ? Ou alors, au contraire, un scrutin qui ouvrira la porte au chaos, à l'anarchie et même à l'intervention étrangère, comme produit du déni de la souveraineté populaire, et donc, du déni des conditions nécessaires à la transparence des élections ?", se demande-t-elle. Si les mêmes conditions que celles ayant marqué les précédentes échéances électorales — allusion à la fraude — sont encore maintenues, Mme Hanoune estime que le scrutin d'avril prochain serait, de fait, "porteur de grands dangers pour le pays". Ce qui, appréhende-t-elle, "ouvrirait la voie à l'accélération de processus incontrôlables". Mme Hanoune émet, de ce fait, des réserves quant aux dernières déclarations du ministre de l'Intérieur qui assure que l'administration est prête pour l'organisation de l'élection présidentielle. Si le ministre laissait entendre dans son discours que les conditions d'organisation de cette élection seraient les mêmes que lors des précédentes élections, la patronne du PT, elle, estime que les "conditions politiques ne sont pas encore réunies pour une élection transparente". Elle juge, comme le réclame le reste de l'opposition, que seule la mise en place d'une instance indépendante d'organisation de l'élection permettra la tenue d'un scrutin transparent et démocratique. Elle alerte, en outre, sur le financement de la campagne présidentielle par les "privés oligarques", ce qui, appréhende-t-elle, pourra influencer les futures décisions politiques, comme ce fut déjà le cas, regrette-t-elle, lors du scrutin de 2014. "Que Bouteflika se porte candidat pour un 5e mandat ou pas, nous n'avons plus de raison politique de nous adresser au président de la République pour qu'il convoque l'élection d'une Assemblée constituante", a-t-elle, en effet, souligné, non sans juger que la candidature très probable de Bouteflika serait synonyme de "maintien du statu quo". En définitive, Mme Hanoune juge que "les présidentielles en tant que telles, même dans des conditions meilleures, ne sauraient résoudre la question du pouvoir, c'est-à-dire de la nature du système à mettre en place". D'où sa décision de relancer sa campagne sur son projet pour l'élection d'une Assemblée constituante. Un projet qu'elle intégrera probablement dans sa campagne électorale. Farid Abdeladim