La porte-parole du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, préfère temporiser encore et entretenir le suspense quant à sa candidature à la prochaine présidentielle, même si la participation de son parti à cette élection semble acquise. Intervenant hier à la fin d'une réunion de la coordination nationale des jeunes de son parti, au siège national du PT, à El Harrach, Mme Hanoune s'est contentée de dire : « Notre participation sera motivée par la défense des intérêts de la nation. » Avant d'ajouter que « les élections sont une tactique ; à chaque fois, nous jugeons par rapport aux enjeux ». Elle a néanmoins précisé que sa candidature à l'élection présidentielle sera décidée lors des réunions du comité central et du conseil national du parti. Elle a ajouté que la décision du PT « n'a rien à voir avec Bouteflika ». « C'est vrai que les jeunes m'ont demandé de trancher, mais je me dois de respecter les réunions du comité central et du conseil national », a-t-elle dit. Ainsi, Mme Hanoune estime que sa candidature à cette élection est « une question de forme ». Pour la première responsable du PT, la priorité doit être accordée à la réunion des conditions nécessaires pour « rétablir la confiance des citoyens et à leur tête les jeunes afin de les convaincre de s'exprimer » lors de cette échéance. « Il nous faut tout d'abord réunir les conditions générales », a-t-elle dit. Elle a appelé les jeunes à s'inscrire sur les listes électorales, appelant à la nécessité de consacrer l'engagement politique chez cette frange dans le cadre de la campagne électorale. « Il est opportun d'ouvrir un débat sur les questions fondamentales », a-t-elle estimé. Mme Hanoune, qui compte saisir le président Bouteflika, a insisté sur l'amélioration de la situation sociale avant la tenue de cette élection. « Le président doit donner des mesures politiques et sociales », a-t-elle martelé, pour que ces élections se tiennent « dans la sérénité ». Elle suggère par ailleurs que des élections législatives anticipées se tiennent après la présidentielle. « Nous n'avons pas dit qu'elles doivent se tenir avant l'élection présidentielle, mais qu'on ouvre des perspectives dès maintenant », a-t-elle dit, estimant que son parti est « prêt à retourner aux urnes ». Interrogée sur les raisons de l'abstention de son parti lors du vote du Plan d'action du gouvernement, présenté la semaine dernière devant l'APN, Mme Hanoune avance comme motif que « ce plan est insuffisant ». « C'est vrai qu'il y a dans ce plan des choses positives, mais il y a des points sur lesquels nous sommes en désaccord », a-t-elle expliqué. Et de préciser : « Nous n'avons pas trouvé dans ce programme un plan de relance et d'investissement dans l'industrie. » De plus, a-t-elle ajouté, « il n'a pas à nous présenter un bilan. C'est au président Bouteflika de nous le présenter et, d'un autre côté, il n'y a aucune mesure sociale ». Mme Hanoune estime, par ailleurs, que ce plan d'action comporte plusieurs contradictions et qu'il n'a pas traité véritablement les problèmes des jeunes. « Nous aurions souhaité à la place d'un bilan que le gouvernement décide des mesures pour faire face à la crise mondiale et nous dire comment réunir les conditions pour que les élections se tiennent dans la sérénité », a-t-elle avancé. Cependant, « le fait que ça discute de bilan, ça noie le débat », regrette-t-elle. La première responsable du PT semble s'opposer à la venue des observateurs étrangers pour superviser la prochaine élection. Elle avance, entre autres arguments, le fait que ces derniers pourraient exiger des sommes faramineuses en plus des gros moyens qu'il faudra déployer pour assurer leur sécurité. Mme Hanoune voit, par contre, la solution dans révision de la loi électorale. Pour elle, « nous pouvons contrôler nous-mêmes ces élections, il faut juste des dispositions ». Lesquelles ? « Il faut notamment permettre aux représentants des partis d'assister aux opérations de dépouillement des urnes au niveau des commissions administratives », a-t-elle insisté, reconnaissant toutefois que la fraude est une pratique qui revient à chaque échéance. Sur le plan économique, Louisa Hanoune a appelé à l'annulation du contrat de la cession du terminal du port d'Alger et de celui de Djendjen (Jijel) conclus avec le groupe EEmar. Elle dit ne pas comprendre ce genre d'accords. De même que les accords de libre-échange interarabes qui sont, à ses yeux, « en contradiction avec les orientations économiques du pays ».