Cinq ans après sa disparition, l'âme et la plume de la romancière Yamina Mechakra ont été ressuscitées à l'occasion de la remise du Prix littéraire portant son nom, hier, au palais de la culture Moufdi-Zakaria, en récompensant les écrivaines Kayssa Khalifi, Hédia Bensahli et Djamila Talbaoui. Les noms des trois lauréates de la première édition du Prix Yamina-Mechakra, dans les langues française, amazighe et arabe, ont été dévoilés hier en début d'après-midi au palais de la culture Moufdi-Zakaria à Alger. Ainsi, Djamila Talbaoui, Kayssa Khalifi et Hédia Bensahli ont décroché le Prix du meilleur roman dans les trois langues officielles. Publié aux éditions Frantz-Fanon, Orages de Hédia Bensahli a fait l'unanimité chez le jury de la langue française. Sa présidente, la romancière et poétesse Maïssa Bey, estime que le choix des six œuvres présélectionnées a été fait à l'unanimité. "Mesdames Amina Bekkat, Aziza Lounis, Fatema Bekhai et moi-même avons porté notre choix sur le roman de Mme Bensahli, qui s'est détaché du reste", a-t-elle révélé, avant de reprendre, concernant la short-list : "Nous avons pratiquement toutes été d'accord sur les six œuvres qui méritaient d'être examinées avec attention. Beaucoup d'ouvrages présentaient de vraies qualités littéraires." La langue arabe a, quant à elle, été représentée par Djamila Talbaoui pour son roman Qalb al ispani (Le cœur de l'Espagnol), paru aux éditions El-Watan El-Youm. Fière de représenter la wilaya de Béchar et le Sud, Mme Talbaoui, écrivaine et journaliste, considère que le prix est d'abord celui de la femme algérienne, celle qui crée et innove. "C'est aussi la victoire de cet esprit de génie, que fut Yamina Mechakra, et qui restera à jamais dans nos cœurs et mémoires." Enfin, le prix du meilleur roman en tamazight a été attribué, à titre posthume, à la jeune Kayssa Khalifi, pour son œuvre Ihulfan, paru aux éditions Cheikh Mohand-Oulhoucine), et qui suit le quotidien d'un couple confronté à la stérilité, aux regards des autres et aux normes sociales. Après la réunion, le 18 janvier dernier, à la librairie Point-Virgule, des jurys des langues française, amazighe et arabe, respectivement présidés par Maïssa Bey, Lynda Koudache et Rabia Djelti, une short-list comprenant les noms de neuf romancières a été publiée en amont de la tenue de la cérémonie d'hier. Touati Zoulikha, Nassira Belloula ou encore Amel Bouchareb étaient en lice respectivement dans les catégories langues amazighe, française et arabe. À noter que le prix du nom de la romancière et psychiatre, Yamina Mechakra, disparue en mai 2013, a été créé en septembre dernier, au terme des 1res Rencontres annuelles Méditerranée-Afrique des jeunes écrivaines (Ramaje). Cette distinction récompense des œuvres originales de jeunes autrices, "qui se distinguent par leurs thèmes et leur langue d'écriture". Yasmine Azzouz