La première édition des Rencontres annuelles Méditerranée-Afrique des jeunes écrivaines (Ramaje), organisée les 1er et 2 septembre, s'est ouverte hier à la Bibliothèque nationale d'El Hamma en présence du ministre de la Culture et d'une quarantaine d'auteures algériennes. Organisée cette année en hommage à l'écrivaine algérienne Yasmina Mechakra (1949-2013), figure incontournable de la littérature moderne. Le comité d'organisation annonce, ainsi, la création d'un prix littéraire portant son nom, destiné aux romans dans les trois langues (tamazight, arabe et français) et dont la spécificité consiste en des jurys exclusivement féminins. Ainsi, on apprend que le jury pour la catégorie en langue amazighe sera présidé par la romancière d'expression berbère Lynda Koudache, tandis que la poétesse Rabia Djelti présidera celui de la langue arabe et la romancière Maïssa Bey celui des romans francophones. Le programme de ces premières rencontres des jeunes écrivaines a, par ailleurs, été chamboulé par l'absence de plusieurs auteures résidant à l'étranger dont «les billets d'avion n'ont pas été pris à temps», nous dit Dalila Nadjem, éditrice et organisatrice de l'événement. Ainsi, la conférence prévue avec la romancière Faïza Guène, invitée d'honneur de cette première édition, fut annulée et remplacée par la présentation du prix Yamina Mechakra. L'occasion d'évoquer la vie et l'écriture de cette auteure dont il nous reste deux romans phares La grotte éclatée et Arris. Pour Lynda Koudache, Mechakra fut une combattante d'une révolution culturelle alors que Rabia Djelti évoque son internement forcé et dénonce un système patriarcal dont elle fut l'une des plus illustres victimes. Pour l'universitaire Fatima Bekhaï, La grotte éclatée, comme tout chef-d'œuvre, doit être lu deux fois : «La première pour découvrir l'histoire et la seconde pour capter le sens caché derrière les phrases de l'auteure». Elle regrette, par ailleurs, le caractère posthume de l'hommage à cette grande écrivaine qui méritait amplement une vaste reconnaissance de son vivant. Pour sa part, Sabéha Benmansour, présidente de l'association «La grande maison» et du conseil du prix Mohamed Dib, est venue évoquer l'importance et la valeur des prix littéraires en transmettant notamment la parole de Mohamed Dib qui, lorsqu'elle l'a consulté en 2001 pour l'institution de ce prix portant son nom, a souligné qu'une distinction littéraire «ne vaut que par son jury et sa récompense financière». Pour l'heure, le conseil du prix Yamina Mechakra ne s'est pas encore réuni pour désigner les membres des trois jurys ainsi que le montant de la dotation financière. On sait, cependant, qu'il sera financé par deux sponsors : la Cnep et le groupe industriel Benamor. Au programme de cette deuxième journée des Rencontres annuelles Méditerranée-Afrique des jeunes écrivaines : une table ronde à 9h autour du thème «Editions les femmes», animée par un florilège d'éditrices, libraires et écrivaines à l'instar de Fatiha Soal de la Librairie Kalimat (Alger), Meriem Merdaci, directrice des éditions Champs libres (Constantine), Assia Baz des Editions Anep, Samia Zennadi (Apic), etc. Le débat tournera autour de questionnements récurrents sur ce domaine, à savoir : comment encourager les talents et reconnaître les nouvelles plumes ? Quelles sont les difficultés qu'affrontent les éditrices et écrivaines (parité, censure et autocensure, sexisme ; ainsi que les problèmes de distribution et de diffusion). Suivra une deuxième rencontre à 11h autour du thème «Parlons écriture» où plusieurs auteures raconteront leurs rapports à l'écriture, la présence du «je» dans la narration et le choix de la langue. A signaler qu'une grande librairie «Ramaje» est ouverte dans le hall de la Bibliothèque nationale où les visiteurs trouveront les différents ouvrages des auteures et éditrices participantes. Sarah H.