Djamila Talbaoui, Hédia Bensahli et Kayssa Khelifi sont les lauréates de la première édition du Prix Yamina Mechakra pour l'écriture féminine. Trois jurys spécialisés et exclusivement féminins ont évalué les romans présentés dans les trois langues en usage en Algérie : l'arabe, le tamazight, et le français. Le jury pour le roman en langue arabe, présidé par la poétesse et écrivaine Rabia Djelti, a décerné le prix à la journaliste de la radio régionale de Béchar Djamila Talbaoui pour son roman «Qalb al ispani» («le Cœur de l'Espagnol») publié aux éditions Al Watan Al Yaoum. Pour le roman en tamazight, le jury présidé par la romancière Lynda Koudache a attribué le prix, à titre posthume, à l'auteur Kayssa Khelifi, décédée en juin dernier, pour son roman «Ihoulfan» («les Sentiments») publié aux éditions Cheikh Mohand Ou Lhocine. Concernant le roman en langue française, le jury présidé par l'écrivaine Maïssa Bey a remis le prix à l'écrivaine Hedia Bensahli pour son œuvre «Orages» publié chez Frantz-Fanon Editions. Azzedine Mihoubi, le ministre de la Culture, présent à la cérémonie de remise du prix dimanche au Palais de la culture Moufdi-Zakaria d'Alger, a salué l'organisation du prix Yamina Mechakra qui «vient s'ajouter aux nombreux prix créés ces dernières années» et qui «sont un signe de reconnaissance et d'immortalisation de grands noms de la littérature algérienne tels que Assia Djebar ou Tahar Ouettar». Le ministre a, par ailleurs, exprimé sa disposition à soutenir toute initiative susceptible d'apporter une valeur ajoutée au champ culturel national. Institué en septembre dernier à l'occasion de la tenue des premières Rencontres annuelles Méditerranée Afrique des jeunes écrivaines, le Prix Yamina Mechakra récompense des œuvres littéraires d'écrivaines algériennes, en arabe, en tamazight et en français. Cette distinction récompense des œuvres originales de jeunes auteures, «qui se distinguent par leurs thèmes et leur langue d'écriture». Il rend hommage à Yamina Mechakra (1949-2013), psychiatre et auteure de «La grotte éclatée» (Sned, 1979) et de «Arris» (Marsa, 1999). Yamina Mechakra, née en 1949 à Meskiana (wilaya d'Oum-el-Bouaghi) et décédée à Alger en 2013, est l'auteure de deux romans et de quelques nouvelles. Son premier roman «La Grotte éclatée» lui offre déjà la notoriété. Dans sa préface, Kateb Yacine a écrit : «Dans notre pays, une femme qui écrit vaut son pesant de poudre.» Le roman, sur fond de guerre d'indépendance, explore les thèmes de la peine, du deuil et de la Révolution. Le roman «Arris», inspiré de son expérience de psychiatre, traite de la quête identitaire et de l'importance des racines. Yamina Mechakra est également une auteure engagée qui soutient l'importance d'une révolution culturelle en Algérie dans le processus de décolonisation. Doté de 500 000 DA pour chacune des trois catégories, le Prix annuel Yamina Mechakra sera désormais attribué tous les mois de janvier, selon les organisateurs. Kader B.