La Fédération des Associations générales étudiantes (Fage), qui partage avec l'Union nationale des étudiants de France (Unef) le leadership de la représentation dans les campus français, a organisé, hier à la mi-journée, un grand rassemblement de solidarité avec les étudiants internationaux sur la place de la Sorbonne, à Paris. Cette manifestation a drainé beaucoup de monde en dépit de la neige abondante qui est tombée sur la capitale française dans la journée. Elle a permis aux participants d'exprimer, une nouvelle fois, leur désaccord avec la décision du gouvernement de multiplier par quinze les frais de scolarité pour les étudiants extra-communautaires à partir de cette année. Le projet qui est défendu par la ministre de l'Enseignement supérieur, Dominique Vidal, prévoit de porter les droits d'inscription en licence à 2 770 euros au lieu de 170 euros actuellement et à 3 770 euros en master et en doctorat au lieu de 243 et 280 euros. "Cette décision est injuste et incohérente", dénonce Orlane Francois, présidente de la Fage. Dans un appel, elle a demandé aux étudiants et à toute la communauté de l'enseignement supérieur de se dresser contre "le mur de l'argent" que le gouvernement veut construire autour des universités. Grâce à leurs actions, la Fage et d'autres syndicats étudiants, dont l'Union des étudiants algériens de France (UEAF), ont réussi à mobiliser les présidents des universités qui ont demandé, à leur tour, au Premier ministre, Edouard Philippe, de renoncer à la hausse des frais de scolarité pour les étudiants hors UE. Certains responsables d'établissements sont allés plus loin en faisant savoir qu'ils n'appliqueront pas la mesure annoncée. Huit universités (Clermont-Auvergne, Aix-Marseille, Toulouse Jean-Jaurès, Lyon-II, Nanterre, Rennes-II, Angers et Le Mans) ont clarifié leur position la semaine dernière, rejoignant sur ce sujet l'université de Paris-Nanterre qui a pris les devants et a annoncé le 12 décembre dernier son intention de contourner la décision du gouvernement. Des recteurs mettent en avant la panique qui s'est emparée des étudiants étrangers souhaitant s'inscrire chez eux. Dans une déclaration au quotidien Libération, Mathias Bernard, le président de l'université Clermont-Auvergne, a révélé que son établissement est assailli d'appels. De son côté, l'université Rennes 2 dénonce l'absence de concertation et "d'information stabilisée" sur la hausse des frais d'inscription. Elle a fait, d'ailleurs, savoir qu'elle utilisera tous les moyens réglementaires pour maintenir le régime tarifaire actuel. Face à la fronde, la ministre de l'Enseignement supérieur a pris la parole la semaine dernière devant le Sénat, exigeant "loyauté" et "obéissance" de la part des responsables des secteurs. "Les universités sont des établissements publics, opérateurs de l'Etat, et effectivement, en tant qu'opérateurs de l'Etat et fonctionnaires d'Etat, il est évidemment très important qu'ils portent les politiques publiques décidées par l'Etat", a précisé Dominique Vidal. Il n'est toutefois pas sûr qu'elle soit écoutée. Les étudiants en tout cas semblent déterminés. Sur sa liste de revendications, la Fage réclame, outre l'annulation de l'augmentation des frais d'inscription, la suppression de toutes les exigences financières liées aux démarches de délivrance des visas étudiants. L'organisation exige, par ailleurs, que les étudiants étrangers puissent accéder, sans distinction, aux aides du Crous. Elle demande enfin la mise en place d'un moratoire sur les frais d'inscription, ainsi qu'un financement plus conséquent de l'enseignement supérieur en France. S. L.-K.