La section de l'Union des étudiants algériens de France (UEAF) de l'université de la Seine-Saint-Denis (Paris 13) vient de mettre en place un collectif qui rassemble aussi d'autres étudiants étrangers, pour réclamer la levée des blocages administratifs qui entravent la délivrance et le renouvellement des titres de séjour par les services préfectoraux. L'UEAF a organisé, il y a quelques jours, un rassemblement sur le campus pour alerter la direction de l'université sur le sort de nombreux étudiants qui risquent d'être en situation irrégulière. "Ce blocage met les étudiants dans une précarité administrative, sociale et pédagogique, et les expose à une amende si les demandes de renouvellement des titres de séjour ne sont pas faites dans les délais", signale l'Uneaf dans un communiqué. Le président de l'UEAF de Paris 13, Mohamed Bouzid, révèle que les étudiants n'ont pas la possibilité, depuis plusieurs semaines, de prendre rendez-vous pour déposer leurs dossiers. "Ces rendez-vous ne sont disponibles ni sur internet ni au siège de la préfecture", affirme notre interlocuteur. Pour débloquer la situation, l'UEAF demande à la préfecture de la Seine-Saint-Denis de réactiver un accord conclu en 2012 et qui porte sur la création d'un bureau des étudiants étrangers pour le traitement de leurs dossiers administratifs. L'organisation demande aussi que les plages horaires pour le dépôt des demandes de titre de séjour étudiant soient multipliées et que des effectifs supplémentaires soient mobilisés pour prendre en charge les dossiers. Il faut savoir que les difficultés pour la délivrance et le renouvellement des titres de séjour ne touchent pas seulement les étudiants. La numérisation des demandes a compliqué les démarches pour toutes les catégories d'étrangers. Dans le cas des étudiants, cette difficulté s'ajoute à celle en lien avec la hausse programmée des frais de scolarité. Après l'annonce faite lundi dernier par le Premier ministre Edouard Philippe d'augmenter de 1 500% les tarifs pour les inscrits extracommunautaires (2 770 euros pour une licence et 3 770 pour le master et le doctorat) à partir de 2019, un mouvement de dénonciation associant l'UEAF à d'autres organisations dont l'Union nationale des étudiants de France (Unef) a été lancé. Une pétition mise en ligne la semaine dernière a recueilli près de 50 000 signatures. Dans un tweet, la ministre de l'Enseignement supérieur, Dominique Vidal, a annoncé, avant-hier, que la hausse des tarifs ne concernera que les nouveaux arrivants et les étudiants en changement de cycle. Mais ses précisions n'ont pas calmé la colère des étudiants étrangers. L'UEAF a, par exemple, refusé les explications de la ministre, estimant que tous les étudiants étrangers doivent avoir les mêmes droits. Il est à noter que la colère des étudiants est soutenue par une partie de la classe politique. Le groupe parlementaire de la France insoumise a publié un communiqué, qualifiant le projet du gouvernement de discriminatoire. "Les étudiants extracommunautaires doivent déjà surmonter énormément d'obstacles pour avoir le droit d'étudier en France", relève le parti de l'ex-candidat à la présidentielle, Jean-Luc Melenchon, accusant le président Emmanuel Macron d'"ériger un mur d'argent qui repoussera hors des universités françaises beaucoup d'étudiants, notamment africains, qui choisissent la France pour faire leurs études". Samia Lokmane-Khelil