Le ministre de l'Energie, Mustapha Guitouni, a insisté, lors de sa récente visite dans la wilaya, sur sa disponibilité, notamment à travers les localités rurales et montagneuses de la wilaya. "Je ne veux pas entendre ou lire dans la presse que le gaz butane manque à Bouira", a-t-il signifié aux responsables de Naftal. Ces derniers avaient assuré au ministre que la fameuse bonbonne était disponible et qu'"il n'y a aucune tension" sur le gaz butane à Bouira, une affirmation à laquelle Guitouni rétorquera avec un certain scepticisme : "Ça, c'est vous qui le dites." Le scepticisme du ministre est relativement fondé, car dans les localités qui ne sont pas encore raccordées au gaz naturel, dont la population est estimée à plus de 20 000 âmes, la bonbonne de gaz butane se fait rare, particulièrement durant cette vague de froid intense. Ainsi, dans la commune de Bouderbala (ouest de Bouira), plus précisément à Dramcha et Ouled Abd El-Djebbar, ces deux derniers jours, les villageois ont constaté une certaine pression sur le gaz butane. "Elle est pratiquement introuvable ! Heureusement que nous avons un petit stock", dira Abdi Karim, un villageois de Dramcha. D'autres, qui n'ont pas fait preuve de prévoyance, se sont retrouvés à faire le trajet entre Bouderbala et Lakhdaria (21 km), sous une pluie battante, pour dénicher une demi-douzaine de bonbonnes. Plus à l'est, notamment dans les communes d'Ath Rached et Ath Leqsar, plus exactement à Hlassa, Taghzout, Bendaâmèche, etc, le gaz butane est disponible, mais en quantité insuffisante. En effet, selon Semmache Yahia, président du mouvement associatif local et qui a fait un travail de recensement dans les localités de sa commune, le gaz arrive, mais... en retard et en quantité insuffisante. "Le ravitaillement arrive avec un ou deux jours de retard et avec un quota en deçà des besoins exprimés, ce qui crée une certaine tension", a-t-il fait savoir. À la question de savoir si les services de Naftal livrent directement les zones enclavées, notre interlocuteur répondra par la négative. "Ils déchargent à la station d'Ath Leqsar (station Hamichi, ndlr), puis ils s'en vont. Ils ne se soucient nullement des déboires des citoyens pour les acheminer jusqu'à chez eux", a-t-il en outre assuré. Le même constat a été dressé dans les communes d'Ath Mansour à l'est de Bouira et Sour El-Ghozlane à l'extrême sud. À Sour El-Ghozlane justement, les villageois d'Ouled Tajine et Ouled Gacem, à défaut de gaz naturel, ont récemment interpellé les services de Naftal afin de mieux les desservir en gaz butane. "Les bonbonnes de gaz, quand elles sont disponibles, sont cédées à des prix exorbitants. Ils oscillent entre 300 et 500 DA/l'unité, voire plus. En ce temps glacial, nous demandons aux responsables de Naftal de nous approvisionner plus souvent en gaz butane, car c'est notre seul et unique moyen de nous chauffer et cuisiner", écrivent-ils dans une requête adressée au wali de Bouira. Naftal s'en lave les mains Face à cet état de fait, les services de Naftal s'expliquent et s'en lavent les mains. Ainsi, le chef du département de distribution rejettera la responsabilité de ces perturbations sur les élus locaux. "C'est aux élus locaux de nous indiquer les carences et on se fera un devoir d'y remédier. Contrairement aux autres secteurs, celui des énergies et des mines n'a pas d'antennes aux quatre coins de la wilaya, mais on a le chef de daïra comme interlocuteur", s'est-il défendu, avant d'ajouter : "C'est le rôle des élus de veiller au grain !" Et à propos de la rareté des bonbonnes de gaz enregistrée dans certaines communes, il nous a révélé que "c'est la faute aux aviculteurs". Avant de s'expliquer sur le sujet : "Les aviculteurs ont le droit de s'approvisionner en gaz, mais en vrac et non butane destiné aux citoyens. D'ailleurs, il existe une convention qui est signée avec les services de Naftal. Cependant, certains aviculteurs qui activent dans la clandestinité achètent de grandes quantités de bonbonnes de gaz, puisqu'ils n'ont pas de registre du commerce." Pour ce qui est du prix de la bonbonne de gaz qui, faut-il le rappeler, a atteint 500 DA, notre interlocuteur a déclaré : "Le contrôle des prix n'entre pas dans nos prérogatives, mais dans celles de la direction du commerce. Nous prenons en charge uniquement la production, le stockage et l'acheminement avec les services de Naftal. Au-delà, nous ne sommes pas concernés", a-t-il conclu. RAMDANE BOURAHLA