Aboudjerra Soltani, qui a officiellement attesté de son désintérêt à se porter candidat à la candidature au nom de son parti, laisse la voie libre au président Makri. Le madjliss echourra (conseil consultatif) du Mouvement de la société pour la paix (MSP) dont les travaux de la session ordinaire se sont ouverts, hier, devra, sauf revirement de dernière minute, acter la candidature du président du parti, Abderrezak Makri, à la présidentielle d'avril prochain. Cette option se précise d'autant plus que le seul et unique concurrent de M. Makri au sein du parti, à savoir Aboudjerra Soltani, a décidé, officiellement, de se retirer de la course à la candidature. Dans une déclaration écrite distribuée aux journalistes en marge des travaux du madjliss echourra, M. Aboudjerra a justifié son retrait, notamment, par le flou qui entoure cette présidentielle. "Le flou qui entoure cette présidentielle n'encourage aucun sérieux prétendant à se porter candidat", a-t-il écrit, expliquant que sa décision a été prise après avoir, dit-il, consulté "individuellement et de manière directe" un certain nombre de hauts responsables proches du sérail. Il précise avoir fait exprès de tenir secrète sa décision jusqu'à ce jour précis pour, explique-t-il, ne pas perturber la session du madjliss echourra, mais aussi afin d'éviter toute spéculation médiatique. Son discours sonne, néanmoins, comme un aveu de faiblesse devant le clan Makri qui s'est davantage renforcé au sein de cette formation depuis, notamment, le 7e congrès du parti, tenu en mai 2018. Conforté par ses soutiens, M. Makri, lui, ne jure, depuis déjà plusieurs jours, que par la participation du MSP à la présidentielle. C'est dans ce sens qu'il a, en effet, exhorté, hier, le madjliss echourra, même s'il a évité de faire part de son ambition personnelle, à lui accorder et le conforter dans ce choix. "Aujourd'hui, vous êtes face à une responsabilité historique. Vous représentez une chance pour l'Algérie et la démocratie. Le MSP est plus que jamais concerné par l'élection présidentielle. Cette élection n'est pas une occasion pour accaparer le pouvoir, mais plutôt pour sauver le pays", a-t-il tonné dans la salle arrachant des applaudissements à ses partisans, visiblement majoritaires. "Oui ! Nous sommes concernés par la présidentielle du 18 avril prochain. Ceci, d'autant plus que certains veulent nous écarter de cette compétition. Mais, nous dirons à ces gens-là, que personne ne pourra nous écarter", a-t-il juré, en soulignant que le MSP participera "avec son propre programme et ses structures". "Nous sommes prêts à entrer en compétition avec notre programme et l'ensemble des structures de notre parti", a-t-il martelé en réitérant sa conviction que seul le consensus national sortira le pays de la crise. Dans son élan pour convaincre les membres du madjliss echourra de lui donner le quitus de se porter candidat à la présidentielle, le chef du MSP a joué, par ailleurs, sur le fait que la candidature de Bouteflika pour un 5e mandat ne se précise pas à présent. Mieux, il se dit convaincu que "personne ne sait si Bouteflika se portera candidat ou non à cette présidentielle". Pour M. Makri, l'exacerbation de la crise au sérail serait, "essentiellement, due à la maladie du président". À moins que ces dernières décisions unilatérales se retournent contre lui, le quitus du madjliss echourra est quasiment acquis à M. Makri. Visiblement conscient de cette réalité, il s'est, d'ailleurs, retrouvé presque obligé de présenter ses excuses au madjliss echourra par rapport, notamment, à son appel, après consultation du frère du chef de l'Etat, Saïd Bouteflika, au report de l'élection présidentielle. Farid Abdeladim