À l'instar de l'ensemble de la classe politique s'opposant au clan présidentiel, le Mouvement de la société de la paix (MSP) ne s'est toujours pas sur quel pied danser à quelques mois de l'élection présidentielle. Et pour cause, le parti islamiste s'affiche, à présent, réticent à choisir entre participer à cette importante échéance, la boycotter ou chercher une alliance avec d'autres partis. Ce sont là les trois scénarios envisageables, selon le madjliss ecchoura, (conseil consultatif selon le principe islamique), qui a tenu vendredi une session extraordinaire au cours de laquelle il a décidé de mandater le bureau exécutif national du parti pour trancher, dans les jours à venir, sur cette question. Il faut dire que c'est une première dans les annales du parti, sachant que le madjliss echoura, instance suprême du MSP, était jusque-là le seul habilité à trancher sur les questions d'une telle envergure. Lors d'une conférence de presse qu'il a animée, hier, au siège du parti, en présence de Boubekeur Kedouda, président du madjliss echoura, Abderrazek Makri, président du MSP, a, néanmoins, précisé que le bureau politique finira par soumettre sa décision, une fois prise, à l'appréciation du madjliss echoura. Selon M. Makri, la réticence du MSP à décider entre participer à l'élection présidentielle, la boycotter ou aller vers une alliance avec d'autres partis s'explique par le "flou total" qui caractérise le paysage politique national à cinq mois de l'échéance d'avril 2014. "Aujourd'hui, il est encore tôt pour nous de savoir si nous allons participer à cette élection en tant que parti, la boycotter, se présenter dans le cadre de l'alliance de l'Algérie verte ou de le faire dans le cadre d'une alliance élargie à d'autres partis. Nous conditionnons notre décision de participer, en solo ou dans une alliance, à la nature de cette élection que nous voulons transparente et démocratique (...)", a expliqué le chef du MSP. M. Makri, dont le parti a participé au gouvernement pendant presque tous les trois mandats de Bouteflika, a du mal à cacher sa crainte de faire face à un "jeu fermé" si jamais Bouteflika décide officiellement de briguer un quatrième mandat. "Si Bouteflika décide de briguer un quatrième mandat, ce sera un signal très fort d'un jeu fermé", appréhende le chef de ce même parti qui, sous la présidence d'Aboudjerra Soltani, avait voté "oui" pour le lifting apporté, en 2008, à la Constitution par Bouteflika. Ce qui lui a permis de sauter le verrou de la limitation des mandats présidentiels pour rester au pouvoir pour un troisième mandat consécutif. Conscient des premiers signaux d'un quatrième mandat qui se manifeste déjà à travers les déclarations des proches du Président, M. Makri regrette que "si la situation n'évolue pas dans les jours à venir, le jeu politique sera forcément fermé". Il appréhende la reproduction des mêmes scénarios ayant précédé les élections présidentielles de 2004 et 2009. Selon M. Makri, les visites qu'enchaîne le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et les enveloppes financières qu'il distribue à chacune de ses haltes attestent davantage de la volonté du système à se pérenniser au pouvoir. En revanche, son seul espoir reste celui d'aller vers un consensus large des partis politiques d'opposition, peu importe l'obédience, à même, dit-il, de constituer un front solide pour faire face à "ce pouvoir qui se fortifie de la manne financière (...)". M. Makri tente de convaincre que cette démarche a pour objectif de fédérer les forces vives autour d'un projet républicain dans "le seul intérêt du pays". Pour autant, le chef du MSP trouvera-t-il preneur ? F A Nom Adresse email