S'il n'a pas encore donné les grands axes de son programme présidentiel, le candidat à la candidature présidentielle du 18 avril 2019, Ali Ghediri, qui était hier l'invité du Forum de Liberté, a esquissé les grands contours de ce que doit être l'économie algérienne. Si l'homme insiste d'emblée en disant que le problème de l'Algérie est "éminemment politique" et non pas "économique", il a donné les grands contours de sa vision. "L'origine de tous les problèmes est la corruption politique. Je ne pouvais pas en parler quand j'étais sous les drapeaux parce qu'il y avait l'obligation de réserve", a-t-il tenu à préciser. Sur le plan philosophique, Ali Ghediri rappelle que le principe fondamental est que "l'Algérien mange ce qu'il produit" et "se repose dans son pays". "Je ferai en sorte que le capital national, public ou privé soit préservé", a indiqué l'invité du Forum de Liberté. Il ajoutera plus loin que la solution à la crise actuelle est de sortir de la dépendance aux hydrocarbures. Mais, constate-t-il avec amertume, "il n'y a plus de rente" sur laquelle le pouvoir pourra s'appuyer. Plus explicite, le général à la retraite plaide pour sortir de l'économie de rente. "Il faut élaborer des indicateurs de production" et "créer une économie de la connaissance", a plaidé le postulant à la candidature à l'élection présidentielle. Tout en dénonçant une mauvaise utilisation des ressources naturelles, l'ancien militaire a rappelé que même les prix des hydrocarbures sont "fixés par les grandes puissances", d'où la nécessité pour les pays de la région d'Afrique du Nord de s'unir pour faire face au monde. Cela est un atout pour "l'Algérie" qui dispose d'une "position stratégique" qui la place au cœur de l'Afrique du Nord et de l'Afrique en général. Parmi les pistes données par Ali Ghediri, le tourisme occupe une place de choix. Il dit ne pas comprendre comment "avec toutes les richesses" dont dispose le pays, "les Algériens se sentent obligés d'aller se reposer dans les pays voisins", allusion claire à l'afflux massif des Algériens vers la Tunisie et le Maroc pour passer des vacances. Pour Ali Ghediri, il est urgent de laisser les hommes d'affaires créer des richesses. "Je souhaite qu'il y ait des milliers de Rebrab", a-t-il indiqué en réponse à une question sur les blocages des investissements du groupe Cevital. Sans citer ce cas précis, Ali Ghediri a fustigé le "système" qui s'en prend aux "créateurs de richesses". "Le général Toufik n'a pas d'emprise sur moi" Ali Ghediri a nié catégoriquement que sa candidature a bénéficié de l'appui de l'ancien patron du DRS, le général Toufik, comme le soutient la rumeur. Pendant 15 ans, il était mon voisin au ministère de la Défense. Je le connais et je connais tous les généraux. Je n'ai pas travaillé sous ses ordres. Il y a (entre nous) une relation professionnelle", a déclaré Ghediri. Il a confirmé, en outre, qu'il lui arrive encore de rencontrer l'ancien chef du DRS. Mais à titre personnel. "Il (le général Toufik) ne m'a pas donné d'instructions lorsque j'étais sous les drapeaux, et vous pensez que je vais maintenant accepter des ordres de lui ou de quelqu'un d'autre, y compris de ceux qui sont encore en service ?", a-t-il tranché. "J'ai vu Rebrab et je pourrai le revoir" Interrogé sur sa récente rencontre avec le président de Cevital, Issad Rebrab, le candidat à l'élection présidentielle, Ali Ghediri, a confirmé cette rencontre et se dit prêt à rencontrer, de nouveau, l'homme d'affaires. "Je l'ai vu et je pourrai le revoir, qu'ils me mettent en prison alors ! Ils se focalisent sur ma rencontre avec Issad Rebrab sans parler de mes rencontres avec des écrivains, des politiques et Monsieur Tout-le-Monde. Je suis un candidat, je ne nourris aucun complexe et je ne laisserai pas le pouvoir me dicter qui je peux ou je ne peux pas rencontrer. Si j'avais rencontré un autre chef d'entreprise, m'auriez-vous posé la question ?", a-t-il indiqué. "Je ferai en sorte de créer 10 000 ou 20 000 Rebrab", a-t-il affirmé comme pour dénoncer les blocages dont font l'objet les projets du groupe industriel. "Seulement 10% des Algériens ont voté en 2014 !" Déchargé de l'obligation de réserve, Ali Ghediri rappelle que lors de l'élection présidentielle de 2014, il n'avait pas voté, au même titre que d'autres officiers de l'armée, alors qu'il était encore en service. Une abstention conforme à la position adoptée par l'écrasante majorité des Algériens. En effet, l'invité du Forum de Liberté a révélé — il était bien placé pour le savoir — que "seulement 10% des Algériens ont voté" lors de ce scrutin qui a permis à Abdelaziz Bouteflika d'enchaîner un 4e mandat. Dit autrement, ce sont donc les 90% des inscrits sur le fichier électoral qui n'ont pas cautionné les élections d'alors.