La Cour suprême de Bahreïn a confirmé hier en appel la peine de prison à perpétuité du chef de l'opposition chiite, cheikh Ali Salmane, ainsi que celle de deux de ses collaborateurs, pour "intelligence avec le Qatar", selon une source judiciaire. Il s'agissait du dernier recours de cheikh Salmane, qui est déjà emprisonné. À la tête du mouvement Al-Wefaq, cheikh Salmane, 53 ans, avait été condamné le 4 novembre pour "intelligence avec le Qatar (...) dans le but de renverser l'ordre constitutionnel du pays et actes d'hostilité envers le royaume de Bahreïn". Ce jugement avait aussitôt été dénoncé comme politique par des organisations de défense des droits humains, Amnesty International le qualifiant de "parodie de justice". Un groupe d'opposition, The Bahrain Institute for Rights and Democracy (Bird), a fermement condamné le verdict de lundi, aboutissement d'un processus biaisé. "C'est une vengeance politique et une insulte à la justice", a affirmé son directeur, Sayed Ahmed Alwadaei, dans un communiqué, ajoutant que "cette décision faisait honte aux dirigeants de Bahreïn et à leurs alliés, les Etats-Unis et le Royaume-Uni". Résidant hors de Bahreïn, deux collaborateurs de cheikh Salmane, Hassan Sultan et Ali al-Aswad, avaient été condamnés à la même peine par contumace. Ils étaient poursuivis aussi pour "intelligence" avec le Qatar, pays du Golfe boycotté par Manama et d'autres alliés de l'Arabie Saoudite. L'inculpation de cheikh Salmane était intervenue après l'embargo décrété en juin 2017 contre le Qatar par l'Arabie Saoudite, Bahreïn, les Emirats arabes unis et l'Egypte. Ces pays ont accusé le Qatar de soutenir des mouvements islamistes radicaux, ce que Doha a démenti, et de se rapprocher de l'Iran chiite. Le Qatar a accusé en retour ses adversaires de chercher à mettre sa politique étrangère sous tutelle. Lors de son inculpation, cheikh Salmane purgeait déjà une peine de 4 ans de prison pour "incitation à la haine confessionnelle", dans un pays à majorité chiite dirigé par une monarchie sunnite. R. I./Agences