Le lancement de la production des médicaments biosimilaires n'est pas pour demain. Les animateurs du symposium organisé jeudi en marge du salon Siphal 2019 à la Safex aux Pins-Maritimes s'accordent à dire que les conditions ne sont pas réunies pour la fabrication des biosimilaires. C'était un débat d'experts et de professionnels du secteur du médicament autour de la meilleure recette à appliquer pour amorcer l'ère des biosimilaires, en s'inspirant de l'expérience du générique en Algérie. La rencontre a eu le mérite d'apporter, faut-il le souligner, des éléments de réponse quant à la mise en place d'un cadre optimal nécessaire à la production, à la prescription et à l'enregistrement de médicament. Il y a lieu aussi de retenir qu'il n'est pas possible d'appliquer aujourd'hui pour les biosimilaires la même recette lancée il y a 20 ans pour les génériques. Pour Abdelouahed Kerrar, président de l'Unop, l'idée de faire comme le générique ne semble pas être la meilleure solution pour les biosimilaires. Le procédé appliqué pour le générique ne risque pas de fédérer les acteurs de la pharmacie. "On ne peut pas avoir une industrie forte avec un système qui impose la baisse des prix. Si on persiste dans cette politique, on finira par avoir, dans quelques années, une industrie pharmaceutique de mauvaise qualité. On a des experts en la matière, mais cela ne suffit pas. On n'a pas fait d'études sérieuses pour essayer de jeter les premiers jalons des biosimilaires." Pour étayer son approche, il rappellera que les récentes mesures annoncées par les autorités sanitaires n'encouragent guère l'investissement dans les thérapies innovantes. "Dans l'état actuel des choses, je dirais qu'on ne peut pas lancer cette production, parce que le cadre réglementaire approprié fait encore défaut", soutiendra M. Kerrar, qui a laissé entendre qu'il n'y a pas encore une volonté politique. De son côté, Lofti Benbahmed, président du Conseil national de l'ordre des pharmaciens, a insisté, dans son allocution, sur la création d'un environnement favorable pour espérer développer réellement la biotechnologie en Algérie. "Nous sommes encore au commencement. Les effets d'annonce qui ont suivi l'adoption de la nouvelle loi sanitaire ne suffisent pas pour développer l'industrie des biomédicaments." Pour lui, beaucoup reste à faire, et ce, à tous les niveaux, même s'il existe un fondement réglementaire à travers l'article 210 prévu dans la loi sanitaire de juillet 2018. Par la même occasion, il interpellera les autorités sanitaires sur l'interchangeabilité du médicament biosimilaire par un autre figurant sur la liste des médicaments issus de la biotechnologie. Pour lui, "si la question de Switch n'est pas tolérable, on ne peut avancer dans le biosimilaire". Dans le même registre, le président du Cnop préconisera de décloisonner l'environnement du biomédicament en faisant associer le prescripteur. L'expert belge, Eddy Gilissen, a, pour sa part, présenté les expériences de l'Argentine et des pays scandinaves en matière de production et de généralisation des biosimilaires. "L'Argentine a adopté un modèle qui lui a permis de concilier les objectifs de santé publique avec les contraintes budgétaires du pays. Les pays scandinaves ont adopté, quant à eux, une organisation basée sur la liberté d'initiative des établissements hospitaliers de lancer des appels d'offres, les résultats obtenus sont les meilleurs en Europe en termes de coût et d'optimisation des moyens." En conclusion, les intervenants ont insisté sur les avantages des biosimilaires pour diversifier l'offre de médicaments biologiques pour une pathologie donnée et assurer des économies pour le système de santé. Hanafi H.