Les entreprises du BTPH sont mises à mal et le risque de mortalité de ces entreprises s'est fortement accru. Ces entreprises souffrent non seulement de créances impayées, mais également de baisse drastique de commandes publiques. C'est le constat fait hier par Mouloud Kheloufi, président de l'Association générale des entrepreneurs algériens (Agea). Intervenant en marge d'une réunion destinée à la réorganisation des bureaux de wilayas de l'association, Mouloud Kheloufi a révélé que faute de plans de charges suffisants, de nombreuses entreprises du secteur BTPH sont en difficulté. Il a indiqué que ce sont entre cinquante et cent entreprises qui mettent la clé sous le paillasson chaque mois. Dans les wilayas, a-t-il précisé, le climat des affaires est morose et l'investissement est très bas, alors que la bureaucratie a atteint le pic. Les commissions de wilaya pour l'investissement étaient léthargiques au troisième trimestre 2018, selon le président de l'Agea, qui a ajouté que pour ce début 2019, la confiance entre les entreprises et l'administration fait défaut. L'année 2019 sera difficile pour les entreprises surtout avec l'élection présidentielle. En effet, l'administration remet tout à après l'élection. Les avenants sont suspendus et les impayés aussi. Même s'il ne donne pas de chiffres exacts sur les créances, Mouloud Kheloufi a indiqué que cela va de 5 millions de dinars à 12 milliards de dinars, selon les entreprises. Le cumul de 2016 et 2017 a été réglé en 2018. Au jour d'aujourd'hui, les entreprises ont jusqu'à quatre mois de retard. Mais le problème vient des avenants qui, eux, accusent des retards de quatre à cinq années. Le chiffre donné par le Premier ministre situe la réévaluation des projets à 500 milliards de dinars. "C'est pour cela que nous essayons de trouver des solutions pour la survie de nos entreprises", a indiqué Mouloud Kheloufi. En ce début d'année 2019, ce qui reste à réaliser ce sont les aménagements de tout ce qui est logement et infrastructure "qu'on compte terminer dans les plus brefs délais, soit avant le Ramadhan". Mais il y a beaucoup de cités qui ne sont pas dotées par exemple de collège et de lycée. Mouloud Kheloufi a souligné, à ce titre, qu'il a saisi le ministre de l'Habitat pour donner ces projets de gré à gré aux entreprises algériennes comme cela avait été fait en septembre pour les écoles primaires qui ont été réalisées en un temps record. "Maintenant, pour les collèges et lycées on va demander le gré à gré pour les entreprises algériennes", a-t-il précisé. Par ailleurs, le président de l'Agea a indiqué avoir saisi le Premier ministre sur la question de la short-list qui intégrait les entreprises étrangères et les faisait bénéficier du gré à gré. L'Agea considère cette démarche à la fois incompréhensible et même inadmissible. Selon Mouloud Kheloufi, le Premier ministre a accepté la demande et a donné instruction au ministre de l'Habitat pour revenir au code des marchés publics et des 25% de la préférence nationale. En conclusion, le président de l'Agea a considéré qu'il n'y a pas de projets à l'arrêt, mais des entreprises à l'arrêt. Et si l'on n'arrive pas à donner du travail aux 35 000 entreprises nationales, cela va se répercuter sur les fabricants de matériaux de construction qui vont, eux aussi, voir leur survie compromise. En ce début 2019, on a atteint une baisse de 60% en termes de capacité de production des matériaux de construction, selon le président de l'Agea. Saïd Smati