"Aucune entreprise n'a été payée", se plaint le président de l'Association générale des entrepreneurs algériens (AGEA), Mouloud Kheloufi, joint par téléphone. "Les entreprises n'ont pas pu payer leurs travailleurs", regrette le président de l'AGEA. Pourtant le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, avait affirmé, le 26 mai dernier, que près de 60 milliards de dinars seraient payés au titre des redevances dues aux maîtres d'œuvre en charge des projets de réalisation de logements. M. Tebboune, qui intervenait en marge de la cérémonie d'installation du nouveau ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville, Youcef Cherfa, avait indiqué que "la Caisse nationale du logement (CNL) versera cette semaine aux maîtres d'œuvre 60 milliards de dinars". Le dossier des redevances impayées dues à ces entreprises sera, ainsi, définitivement clos, avait assuré le Premier ministre. La CNL avait débloqué, il y a quelques jours, 74,60 milliards de dinars au profit des entrepreneurs et maîtres d'œuvre chargés de la réalisation des projets de logements dans les formules location-vente (AADL) et logements publics locatifs (LPL - social). 14,78 milliards de dinars avaient été débloqués au profit des maîtres d'œuvre chargés de la réalisation de logements AADL et 59,82 milliards de dinars au profit des maîtres d'œuvre chargés de la réalisation des projets de logements LPL (social). Mais, semble-t-il, sur le terrain, les entreprises du bâtiment, mais également de travaux publics et de l'hydraulique n'ont pas été payées. Dans une lettre adressée, le 31 mai dernier, au président de la République, Mouloud Kheloufi souligne que malgré le déblocage de 74 milliards de dinars au profit de la CNL, "aucun dinar n'est entré dans les comptes des entrepreneurs à ce jour". Même au niveau des wilayas, les crédits de paiement (CP) n'ont pas été libérés. "Nous attendons toujours les CP pour les 48 wilayas", relève le président de l'AGEA. Le non-paiement de ces créances a affaibli la trésorerie de ces entreprises. "Les travailleurs du BTPH n'ont pas été payés depuis 3 à 4 mois", se désole M. Kheloufi qui estime les créances globales impayées à près de 1 000 milliards. Au-delà des programmes de logements promotionnels publics (LPP) et AADL, ce sont toutes les entreprises du bâtiment, de travaux publics et de l'hydraulique qui sont touchées par la crise. Idem pour le secteur de matériaux de construction. Alors qu'elles sont confrontées au problème de recouvrement de leurs créances, les entreprises font face, aussi, selon l'AGEA, à la pression conjuguée des charges obligatoires induites par les échéances de paiement des salaires, des charges sociales et fiscales. Les administrations locales de la Cnas, au niveau de certaines wilayas, refusent d'appliquer l'instruction de l'ancien Premier ministre, Abdelmalek Sellal, adressée aux administrations et organismes concernés leur demandant de surseoir à la perception des impôts, taxes et cotisations sociales exigibles jusqu'au recouvrement par les entreprises du BTPH des paiements qui leur sont dus, au motif qu'elles n'ont pas reçu la notification officielle de cette instruction. En effet, l'ancien Premier ministre a demandé aux ex-ministres des Finances et du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale "d'instruire les organismes concernés à l'effet de reporter les échéances de paiement des impôts et taxes dus, à l'occasion, par l'entreprise à l'administration liées par les contrats conclus avec des institutions, organismes et établissements publics, en attente du recouvrement des situations de travaux accomplis". Le président de l'AGEA a indiqué que son organisation a trouvé un accord avec le directeur général de la Casnos pour un échéancier d'une année pour les entreprises du BTPH en difficulté financière. Par ailleurs, le nouveau ministre des Finances l'a rassuré du déblocage des fonds. Mouloud Kheloufi compte organiser, cette semaine, quatre regroupements régionaux, à Illizi, Annaba, Batna et Oran, "pour évaluer la situation des entreprises". M. R.