La Russie compte développer d'ici deux ans une version terrestre de missiles utilisés jusqu'alors par la Marine russe, conséquence de la décision de Washington et Moscou de suspendre leur participation au traité INF, a annoncé hier le ministre de la Défense Sergueï Choïgou. "Dans le courant des années 2019-2020, il sera nécessaire d'élaborer une variante terrestre du système Kalibr (...) qui a fait ses preuves en Syrie", a indiqué Sergueï Choïgou, cité dans un communiqué de l'armée russe. "Au cours de la même période, nous devrons créer un système de missiles terrestre de longue portée", ajoute-t-il dans ce communiqué. M. Choïgou a expliqué cette décision par la suspension le 2 février par les Etats-Unis de leur participation au traité sur les armes nucléaires de portée intermédiaire (INF) qui était en vigueur depuis 1987 et interdisait les missiles stratégiques terrestres d'une portée comprise entre 500 et 5500 km. Les missiles Kalibr ont été utilisés pour la première fois en opération par la Russie à l'automne 2015. Visant des rebelles syriens, 26 missiles avaient été lancés depuis un croiseur situé en mer Caspienne, à 1500 km de là. Leur portée correspond donc au type d'armes interdit par le traité INF qui ne s'applique cependant qu'aux missiles terrestres. Selon M. Choïgou, les Etats-Unis travaillent activement à la création d'un missile terrestre d'une portée supérieure à 500 km, raison pour laquelle le président de la Russie a donné l'ordre au ministère de la Défense de prendre des mesures réciproques. Les Etats-Unis et la Russie s'accusent mutuellement de violer le traité INF. Samedi, le Secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a annoncé que les Etats-Unis suspendaient leurs obligations dans le cadre du traité INF. Vladimir Poutine a immédiatement rétorqué que Moscou suspend également sa participation à l'accord et que Moscou ne prendrait plus l'initiative de négociations sur le désarmement avec les Américains avant qu'ils aient suffisamment mûri. R. I./Agences