Le retrait des Etats-Unis sera effectif dans six mois. En réaction, Moscou a annoncé hier qu'il suspendait également sa participation à ce traité. Les Etats-Unis ont mis vendredi à exécution leur menace de se retirer d'un traité de désarmement nucléaire crucial avec la Russie, accusée de violer ce texte signé lors de la Guerre froide, au risque d'une nouvelle course aux armements. «Demain, les Etats-Unis vont suspendre leurs obligations dans le cadre du traité INF» sur les armes nucléaires de portée intermédiaire «et lancer le processus de retrait», a annoncé Donald Trump dans un communiqué. Le retrait sera effectif «dans six mois, à moins que la Russie ne respecte ses obligations en détruisant tous ses missiles, lanceurs et équipements qui violent le texte», a ajouté le président américain. Moscou, qui rejette des accusations «sans fondement», avait aussitôt dénoncé la «stratégie des Etats-Unis» qui consiste à ses yeux à «s'affranchir de leurs obligations juridiques internationales». Finalement, hier, le président russe Vladimir Poutine a annoncé que son pays suspendait sa participation au traité, en réponse à la suspension américaine entrée en vigueur le même jour. «Nos partenaires américains ont annoncé qu'ils suspendaient leur participation à l'accord et nous la suspendons à notre tour», a affirmé M. Poutine, cité par les agences de presse russes. Le retrait est une mauvaise chose pour l'ensemble de la planète, a pour rappel affirmé lundi le Kremlin. «Des initiatives de ce genre, si elles sont mises en œuvre, rendront le monde plus dangereux», a indiqué aux journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, disant attendre des «explications» de la part de Washington. «La suppression de ce document nuira à la stabilité et à la sécurité mondiales», a-t-il ajouté. Les premières accusations de violations russes avaient été lancées sous la présidence de Barack Obama, en 2014, et l'actuel locataire de la Maison Blanche avait dès octobre évoqué une sortie de ce traité signé en 1987 entre l'URSS et Washington pour abolir les missiles terrestres d'une portée de 500 à 5 500 km. Début décembre, depuis Bruxelles et avec le soutien de l'Otan, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo avait donné à la Russie 60 jours, jusqu'à hier, pour démanteler ses nouveaux missiles de longue portée violant le traité selon les Américains et l'Alliance atlantique. Faute de quoi, il avait menacé de lancer la procédure de retrait. Les nombreuses discussions des deux derniers mois n'ont permis aucun progrès. Et peu d'observateurs envisagent une percée d'ici le retrait définitif des Américains, début août. «La Russie a mis en danger la sécurité de millions d'Européens et d'Américains, et nous ne pouvons plus être entravés par un traité pendant que la Russie le viole éhontément», a lancé vendredi Mike Pompeo, estimant que cela plaçait l'armée américaine en position défavorable. Les autorités russes ont accusé vendredi les Etats-Unis de chercher «l'épuisement économique de la Russie via une nouvelle course aux armements».