"Se tromper est humain, persister dans son erreur est diabolique", a noté cet internaute, citant Charles-Augustin Sainte-Beuve. Comme il fallait s'y attendre, l'annonce, avant-hier, de la candidature du président Abdelaziz Bouteflika pour un cinquième mandat consécutif, a suscité un déluge de réactions sur les réseaux sociaux. Souvent accompagnées d'illustrations satiriques, ces dernières vont de la désolation sur le sort du pays, otage du système bouteflikien depuis 1999, à la dérision, voire à l'invective. "Ils l'ont fait !", "Ils ont osé !", ou encore "Honte à vous !", allusion aux décideurs, sont les exclamations indignées les plus partagées par les facebookeurs, aussitôt l'annonce de la candidature connue. Les internautes sont nombreux à se déclarer contre le cinquième mandat. "Heureux sont les martyrs qui n'auront rien vu", s'offusque S.W. dans son commentaire à une affiche confectionnée à la photoshop, postée sur la page intitulée "Tagstoise", dans laquelle Bouteflika apparaît allongé et flanquée de ce commentaire : "Si vous n'avez pas honte, faites ce que vous voulez." Pour illustrer la persistance du clan présidentiel à maintenir le président Bouteflika malgré sa maladie, un autre internaute, lui, a posté cette citation de Charles-Augustin Sainte-Beuve : "Se tromper est humain, persister dans son erreur est diabolique." L'état de santé du candidat qui l'empêche d'être vu est largement commenté par les internautes. "C'est une première dans l'histoire, les Algériens viennent d'inventer un président virtuel !", a commenté, un brin moqueur, un autre facebookeur suggérant, au passage, aux "artisans" de cette œuvre d'inscrire l'Algérie dans le Guinness. H.B. a, quant à lui, souligné que "si Nelson Mandela est entré dans l'histoire après un seul mandat (comme Président, ndlr), alors que Hosni Moubarak est, lui, jeté en prison après cinq mandats, Abdelaziz Bouteflika sort définitivement de l'histoire après avoir pris la décision de briguer un cinquième mandat en violation de la Constitution". Les initiés à la politique, dont des responsables d'organisations connues sur la scène, ont accueilli, pour leur part, la nouvelle avec beaucoup plus de regrets. Ils avertissent sur les dangers de ce "mandat de trop" que veulent imposer les décideurs. Ils craignent que le pays ne soit plongé dans une crise encore plus profonde, voire dans le chaos. C'est le cas, entre autres, d'Abdelouaheb Fersaoui, président de l'association du Rassemblement action jeunesse, (RAJ), qui, dans un long post titré "ils ont osé !", a mis en garde contre les "dangers" que représente la candidature de Bouteflika sur le pays, non sans faire porter l'entière responsabilité aux décideurs. "C'est aberrant, c'est une honte, c'est mépriser les Algériens, une insulte à leur intelligence et une trahison du sang des chouhada qui ont libéré le pays du joug colonial pour vivre libres et dignement. Nous sommes la risée du monde", s'est-il offusqué avant de lancer un avertissement aux décideurs : "Sachez une chose, le peuple algérien n'est pas dupe, il est conscient, il n'a pas peur de vous, il a peur pour l'Algérie qu'il porte dans sans cœur contrairement à vous qui voulez l'emmener vers l'irréparable. L'Algérie va droit dans le mur et vous en êtes les seuls responsables." Les internautes se sont déclarés sceptiques quant à voir Bouteflika "réussir, comme il le promet dans la lettre, durant le mandat à venir, ce qu'il n'a pas réussi durant ses 20 ans de règne !" Ils se sont aussi interrogés sur l'identité de l'auteur de cette lettre, convaincus qu'elle ne peut être l'œuvre de Bouteflika. Farid Abdeladim