Le collectif "Debout l'Algérie" va organiser d'autres rassemblements dans l'Hexagone, alors qu'un autre appel a été lancé pour dimanche prochain par Mouwatana qui prévoit d'autres actions de ce type à Paris, à Marseille,à Lille, à Londres, à Montréal et à Bruxelles. La Place de la République, à Paris, était noire de monde hier après-midi. Des milliers d'Algériens (plus de trois mille selon les organisateurs) s'y sont rassemblés pour protester contre la candidature du président Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat. L'appel au rassemblement a été lancé il y a une semaine sur les réseaux sociaux par Dani Yahia Ouaret, un architecte établi en France qui a réussi, en un temps très court, à mobiliser un nombre considérable de compatriotes. 8 000 personnes ont fait part de leur intérêt pour son appel au rassemblement et 2 000 ont confirmé leur présence à République. "C'est un appel du cœur qui exprime ma propre révolte", explique Yahia. L'idée d'un rassemblement lui est venue en apprenant des responsables de l'Alliance présidentielle que Bouteflika allait se représenter. "Je me suis dit qu'il fallait bouger. Cette annonce porte atteinte à notre dignité. Ils ont dépassé les limites", affirme-t-il consterné. À République, beaucoup ont repris son double slogan pour arrêter le 5e mandat. "Non à la honte, l'Algérie ne vous appartient pas", ont scandé les manifestants, sous un beau soleil parisien. D'autres n'ont pas hésité à entonner des chants patriotiques et à brandir des écriteaux hostiles au pouvoir actuel. Farid Yaker, président du Forum France-Algérie, s'est réjoui du succès du rassemblement. "Cet engouement me conforte et me fait penser que l'espoir est en train de se lever. La jeunesse montre qu'elle est responsable, qu'elle veut se prendre en charge et concevoir un avenir autre que celui qu'on lui prépare", dit-il. Selon lui, le rassemblement parisien constitue un signal fort. Il permet aux Algériens de l'intérieur de se rendre compte qu'ils ne sont pas seuls. "Nous sommes en contact avec les gens de Kherrata et d'ailleurs, nous nous concertons sur ce qu'il faut faire", révèle notre interlocuteur. Optimiste, il pense que la mobilisation citoyenne peut renverser la situation, soit en obligeant le Président à renoncer à un nouveau mandat, soit en le faisant perdre. "Ils ne peuvent rien contre la marche de l'histoire. Les gens ont peur pour l'avenir de leurs enfants et sont prêts à tout pour les sauver. Le pouvoir compte sur ses clientèles. Il promet des logements et annonce qu'il va effacer les dettes des jeunes de l'Ansej. Mais tout cela n'est plus suffisant. Les Algériens en ont marre", constate Farid Yaker. Hier, ce n'est pas en simple manifestant qu'il a rejoint la Place de la République mais en tant que membre du collectif Debout l'Algérie, initié en appui à l'appel de Dani Yahia Ouaret. Dans un communiqué, ce collectif a fait part de son intention de "lancer un mouvement citoyen autour du refus du 5e mandat (…) et d'encourager l'union de toutes les forces patriotiques pour faire échec à la mascarade de la candidature d'un homme qui n'a pas parlé à son peuple depuis 2013". Debout l'Algérie prévoit d'ailleurs d'organiser d'autres rassemblements dans l'Hexagone. Mais aucune date n'a encore été arrêtée. Un autre appel a été lancé pour dimanche prochain par Mouwatana. Le mouvement va organiser des rassemblements simultanés à Paris (Place de la République), à Marseille, à Lille, à Londres, à Montréal et à Bruxelles. "Cela servira à donner un coup de pouce à ceux qui militent pour l'alternance en Algérie et à rendre leur action plus visible au niveau international", fait savoir Zoheir Rouis, coordinateur de Mouwatana et représentant de Jil Jadid en France. Plusieurs associations de l'immigration algérienne en France ont, d'ores et déjà, exprimé leur intention de se joindre aux actions initiées pour stopper le 5e mandat. S. L.-K.