Plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées, hier après-midi, sur la place de La République, à Paris, à l'appel du mouvement Mouwatana. Cette manifestation a été organisée en même temps qu'une autre à Lyon, afin de mobiliser la diaspora algérienne en France contre un cinquième mandat du président Bouteflika. Un certain nombre d'associations politiques et citoyennes ont souscrit à l'appel de Moutawana et ont signé une déclaration commune qui a été lue devant la foule. Parmi ces associations, figurent Action pour le changement en Algérie, le Forum démocratique, le Front des forces vives et Nida El-Watan France. Toutes se sont engagées à accompagner les actions de Mouwatana en organisant, là où c'est possible, des rassemblements, pour réclamer le départ du régime politique actuel. La mobilisation servira, en particulier, à sensibiliser l'opinion publique internationale et les dirigeants étrangers sur la situation politique en Algerie et à leur faire prendre conscience de la nécessité d'accompagner les mouvements visant à instaurer la démocratie dans le pays et à cesser de soutenir un régime "dont la gouvernance et la prédation finiront par provoquer une déflagration en Algérie". Présent au rassemblement, Ali Benouari, un des membres de la direction de Mouwatana, estime qu'il est avant tout important de s'adresser aux Algériens de la diaspora. Il a, d'ailleurs, révélé que des manifestations similaires auront lieu dans d'autres capitales d'Europe comme Berlin et Londres. "Les Algériens qui vivent à l'étranger représentent 20% de la population, mais ils sont exclus d'une grande partie de leurs droits civiques par la nouvelle Constitution et sont empêchés de participer au débat politique en Algérie. On leur donne de faux députés et de fausses organisations qui ont remplacé l'Amicale (des Algériens en France) d'autrefois. Et c'est ainsi qu'ils sont disqualifiés. Or, il est important de leur donner la parole et de faire en sorte que leur voix pèse", explique notre interlocuteur, faisant remarquer que le rassemblement de la place de La République s'est déroulé en toute liberté, contrairement à ceux qui ont été tenus en Algérie. "Nous ne sommes pas entravés dans notre discours. On ne nous arrête pas. On ne nous violente pas, parce que c'est un pays libre. Ce qui n'est pas le cas en Algérie", fait savoir Ali Benouari. Selon lui, le rassemblement d'hier porte un "message subliminal". Il évoque aux Algériens une liberté dont ils ne peuvent pas jouir dans leur propre pays. Dans une lettre envoyée aux manifestants, le président de Jil Jadid estime qu'il est temps justement que "les Algériens retrouvent la dignité de la parole et du geste". La présidente de l'Union pour le changement et le progrès (UCP), Zoubida Assoul, a rappelé, de son côté, dans un autre message, la feuille de route de Mouwatana, considérant que la mobilisation et la capitalisation de toutes les initiatives citoyennes en Algérie et ailleurs sont nécessaires pour provoquer le changement, "sortir du pouvoir personnel" et réhabiliter la fonction présidentielle. S. L.-K.