La vente armes occidentales, que l'Arabie saoudite et ses alliés utiliseraient dans leur guerre au Yémen, divise certains pays européens et suscite la colère de nombreuses organisations non-gouvernementales. La Chambre des lords britanniques a demandé la suspension des ventes d'armes à Riyad et ses alliés de la coalition opérant au Yémen, jugeant que les enquêtes réalisées et prises en considération étaient insuffisantes et émanaient principalement des autorités saoudiennes, ont rapporté les médias locaux. Lors d'une réunion tenue samedi et consacrée à la vente d'armes par le Royaume-Uni à l'Arabie Saoudite, la commission des relations internationales au sein de la Chambre des lords britannique a relevé "l'absence d'enquêtes indépendantes sur l'usage que fait l'Arabie Saoudite des armes" que lui vend Londres. Selon les membres de cette commission, les enquêtes prises en considération par la Grande-Bretagne "étaient insuffisantes et émanaient principalement des autorités saoudiennes". Soulignant que les armes utilisées lors de ces opérations au Yémen engendrent en effet des pertes importantes dans les rangs des civils yéménites, la commission a qualifié les opérations militaires de la coalition menée par l'Arabie Saoudite de "sauvages". Partant de ces constats, la commission a appelé le gouvernement de Theresa May à condamner immédiatement les violations du droit international humanitaire perpétrées par la coalition que dirige le royaume wahhabite. Dans le même ordre d'idées, elle recommande au gouvernement britannique de "suspendre la vente d'armes à certains pays membres de la coalition menée par l'Arabie Saoudite", tout en exprimant "ses vives inquiétudes quant à l'usage de ces armes contre les Yéménites". Bien que le rôle de la Chambre des lords n'est que consultatif et que la mise en application des recommandations du rapport n'est pas obligatoire pour le gouvernement britannique, il en résulte une pression aussi bien sur le gouvernement que sur l'Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis. Pour information, la Grande-Bretagne a vendu pour six milliards de dollars d'armes à Riyad depuis 2015. Il faut dire que les ventes d'armes à l'Arabie Saoudite et ses alliés dans la coalition qu'elle dirige au Yémen constitue un sujet de divergences parmi les pays occidentaux, notamment en Europe. C'est notamment le cas entre l'Allemagne et la France. En effet, alors que la chancelière Angela Merkel s'était prononcée le 21 octobre 2018 en faveur d'une suspension des exportations d'armes vers l'Arabie Saoudite, au moins "dans les circonstances actuelles", Paris a refusé de lui emboîter le pas, car ne voulant pas perdre un marché aussi juteux. "C'est de la pure démagogie de dire il faut arrêter de vendre des armes, ça n'a rien à voir avec l'affaire Khashoggi", avait estimé Emmanuel Macron, le 26 octobre à Bratislava. Il faut savoir que Riyad n'est autre que le deuxième client vers lequel la France a exporté le plus d'armes entre 2007 et 2016, derrière l'Inde. Rappelons que la coalition dirigée par l'Arabie Saoudite mène depuis mars 2015 une guerre sans merci contre le Yémen, où plus de 15 000 civils ont été tués et des dizaines de milliers blessés. Cette guerre a également engendré la pire crise humanitaire au monde, selon l'Organisation des Nations unies.