Alors que l'on s'achemine vers un été torride, l'Algérienne des eaux est tiraillée de toutes parts. D'abord sur le plan des réserves d'eau, c'est apparemment le “chant du cygne”. La deuxième session ordinaire de l'APW s'est penchée, avant-hier, sur le dossier sensible de la gestion et de l'approvisionnement en eau potable de la population de la wilaya d'Oran. Considéré à juste titre comme un dossier sensible, le secteur de l'hydraulique s'est taillé la part du lion avec plusieurs interventions de spécialistes en la matière. C'est à partir de données scientifiques que les membres de la commission des réalisations économiques et de développement ont abordé le sujet. Même si la sonnette d'alarme n'a pas été tirée, il n'en demeure pas moins que la situation actuelle est critique. Alors que l'on s'achemine vers un été torride, l'Algérienne des eaux est tiraillée de toutes parts. D'abord sur le plan des réserves d'eau, c'est apparemment le “chant du cygne”. Et pour cause, les principaux barrages alimentant la ville d'Oran sont loin de satisfaire les besoins en eau des citoyens. Le taux de remplissage des barrages de Gargar (Relizane), Sidi Abdeli et Beni Bahdel (Tlemcen) est de, respectivement, 23 millions et 17 millions de mètres cubes, alors que la retenue normale afférente à ces barrages et à celui de Bouhanifia (Mascara) est de l'ordre de 800 millions de mètres cubes. D'autres retenues estimées à 23 millions de mètres cubes d'eau totalisent un chiffre de l'ordre de 98 millions de mètres cubes, soit un déficit de 702 millions et un taux de remplissage de 12%. Vécue comme une véritable calamité, la diminution exponentielle des ressources hydriques dans la wilaya d'Oran risque de causer des désagréments incalculables aux citoyens. Avec une consommation quotidienne estimée à 330 000 m3, les Oranais devront se contenter de 122 000 m3/j, une quantité d'eau que tente de collecter au niveau de la station de traitement des eaux de Brédeah et de certains puits d'eau potable l'Algérienne des eaux. Par ailleurs, des opérations de distribution au moyen de citernes sont effectuées quotidiennement dans les quartiers défavorisés. Curieusement, les responsables du secteur ont choisi de distribuer le précieux liquide à des heures incommodantes. Des citoyens se sont, en effet, plaints de la décision de l'ADE de procéder à l'approvisionnement des foyers durant la nuit. Des situations indescriptibles vécues par les familles qui doivent charrier l'eau à partir de 20 heures. De ce fait, tout le monde est mobilisé pour la corvée de l'eau. Des pères de famille exténués par une rude journée de travail veillent jusqu'à une heure tardive de la nuit pour s'approvisionner en eau. Dans la capitale de l'Ouest, les camions de l'Algérienne des eaux sillonnent nuitamment les rues désertées par les touristes. Une façon peu élégante de se soucier des habitants qui font des chaînes interminables pour se procurer leur ration d'eau. Un état de fait peu réjouissant, même pour les gosses en vacances qui se tapent des étages entiers avant d'emmagasiner l'eau d'un jour dans les jerrycans, les casseroles, les marmites, les bassines, les seaux et les baignoires pour les plus chanceux. Pour pallier cette situation, les responsables du secteur des ressources en eau ont retenu plusieurs projets dans le court terme. Il s'agit de la réalisation de la station de traitement des eaux de Aïn El Bia (86 000 m3/j), de Cap-Blanc (100 000 m3/j) et la station de Bousfer (5000 m3), dont la réception est prévue fin août 2005. En attendant, la soif se fait grandissante. B. Ghrissi