D'encens et de mémoire s'écrivent vos noms est le titre du nouveau film documentaire de Boualem Kamel projeté, hier matin, à la Cinémathèque d'Alger. En 120 minutes, le film revient sur l'une des pages les plus ténébreuses de l'histoire de l'Algérie indépendante. Les années de terrorisme. Il revient sur le combat de femmes et d'hommes qui ont payé de leur vie pour une Algérie moderne. Boukhobza, Mohamed-Réda Aslaoui, Tahar Djaout, Saïd Mekbel, Youcef Fethallah, Youcef Sebti, Djillali Liabès, Belkhenchir et nombre d'intellectuels, qui se sont engagés pour la survie de l'Algérie libre, et dont les voix se sont élevées pour dénoncer la tentative d'asservissement de tout un peuple, une trentaine d'années après l'Indépendance. Dans son film, Kamel Boualem dresse quatorze portraits d'hommes engagés, chacun dans son domaine, pour une seule cause, la survie de l'Algérie moderne. Un engagement que ces hommes payeront de leur vie. Leur mort tragique, sur le lieu de leur travail pour la plupart, symbolise la mort et le carnage de milliers d'autres Algériens, connus ou inconnus, victimes de la violence intégriste. Kamel Boualem interpelle la mémoire de ceux qui les ont connus, aimés, et qui ont côtoyé et apprécié l'œuvre. Dix ans après, le souvenir est vif, les larmes chaudes et l'émotion à fleur de peau. Même si le film donne l'impression d'être rallongé, 120 minutes, il a ce mérite de militer contre la culture de l'oubli. Des images défilent en filigrane pour rappeler la simplicité de Laâdi Flici, le médecin de la Casbah, Mahfoudh Boucebci, le psychiatre émérite, Djillali Belkhenchir, le pédiatre ami des enfants, Youcef Sebti, le poète, Azzedine Medjoubi, l'homme de théâtre qui faisait craquer les tréteaux, Saïd Mekbel, le voleur qui… et bien d'autres hommes qui ont marqué l'Algérie de leur apport intellectuel et humaniste. D'encens et de mémoire s'écrivent vos noms est un regard sur l'Algérie meurtrie, mais qui n'oublie pas ses enfants. W. L.