En tant que membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, Moscou et Pékin useront de leur droit de veto contre tout projet de résolution de Washington visant la violation de la souveraineté de Caracas. La Russie et la Chine ont joint leur voix à celle de l'Union européenne, en rejetant hier toute option militaire dans le règlement de la crise politique en cours au Venezuela, ont rapporté les agences de presse. "Nous travaillons avec tous les pays qui ne sont pas moins que nous inquiets du scénario d'une ingérence militaire", a déclaré le chef de la diplomatie russe, Serguei Lavrov, lors d'un point de presse organisé à l'issue d'une rencontre tripartite avec ses homologues chinois et indien à Wuzhen (est de la Chine). "Je crois que les Etats-Unis devraient écouter ce que pensent les pays de la région", a ajouté M. Lavrov. "La question vénézuélienne est par nature un problème interne au Venezuela", a estimé pour sa part Wang Yi, le ministre chinois des Affaires étrangères, appelant au respect des normes de base des relations internationales et de la souveraineté des Etats. Cette sortie sino-russe intervient quelques jours seulement après l'annonce de l'Union européenne de son rejet catégorique de toute action armée au Venezuela, en réaction aux menaces des Etats-Unis de passer à l'action, par la voix de son secrétaire d'Etat, Mike Pompeo. "Nous avons exclu de manière catégorique tout soutien de l'Union européenne ou toute acceptation à l'égard d'une escalade militaire au Venezuela", avait annoncé Federica Mogherini à l'issue d'une réunion consacrée entre autres à la crise vénézuélienne. Pour Moscou, l'aide humanitaire que Washington et ses alliés veulent faire entrer au Venezuela n'est qu'un prétexte pour une intervention militaire pour renverser le président légitime Nicolas Maduro. Ce dernier dispose du soutien de l'armée et ne compte pas céder au chantage humanitaire ni à la pression diplomatique américaine. Tout en restant ouvert au dialogue, M. Maduro a rejeté la demande américaine et de quelques pays membres de l'UE qui lui ont exigé une présidentielle anticipée dans les meilleurs délais. Un projet de résolution américain devrait être déposé au Conseil de sécurité, mais il n'a aucune chance de passer, la Russie comptant user de son droit de veto. Par ailleurs, le ministre vénézuélien des Affaires étrangères a appelé hier à l'ONU à une rencontre entre les présidents américain Donald Trump et vénézuélien Nicolas Maduro pour tenter de mettre un terme à la crise dans son pays. Dans un discours devant le Conseil des droits humains à Genève, Jorge Arreaza a affirmé que "M. Maduro était prêt au dialogue (...), même avec les Etats-Unis", ont rapporté les agences de presse. "Pourquoi pas une rencontre entre le président Trump et le président Maduro ?", s'est-il exclamé, en dénonçant l'ingérence américaine qu'il qualifie d'agression contre son pays. "La crise humanitaire est utilisée comme prétexte à une intervention militaire", a-t-il encore dénoncé. "Mais ça suffit avec cette agression (...) Nous proposons une voie pour le dialogue", a-t-il ajouté. Pour rappel, le Venezuela est entré en crise politique aiguë depuis que le président du Parlement, Juan Guaido, s'est autoproclamé le 23 janvier dernier comme chef d'Etat par intérim du pays. Mais jusqu'ici, il n'a pas réussi à évincer M. Maduro du pouvoir, malgré le soutien de Washington et d'une cinquantaine d'autres capitales occidentales et sud-américaines. Lyès Menacer