Les ministres chinois et russe des Affaires étrangères se sont dit mercredi fermement opposés à toute action militaire contre le Venezuela, dont le Président Nicolas Maduro est poussé à la démission par les Etats-Unis. L'administration Trump, hostile au dirigeant socialiste, juge illégitime sa récente réélection. Elle a reconnu le 23 janvier le dirigeant de l'opposition Juan Guaido en tant que Président par intérim. Washington a déclaré n'écarter aucune option, y compris militaire. Et le secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, se dit «certain» que «les jours de Maduro sont comptés». Alors que les Etats-Unis soutiennent l'actuelle tentative de faire entrer au Venezuela une aide humanitaire, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a estimé qu'il s'agissait d'un prétexte à une intervention armée. «Nous travaillons avec tous les pays qui ne sont pas moins que nous inquiets du scénario d'une ingérence militaire», a-t-il déclaré à Wuzhen (est de la Chine), au cours d'une réunion trilatérale programmée de longue date avec ses homologues chinois et indien. «Je crois que les Etats-Unis devraient écouter ce que pensent les pays de la région», a ajouté M. Lavrov. Une cinquantaine d'Etats ont jusqu'ici reconnu Juan Guaido en tant que Président par intérim. Nicolas Maduro bénéficie quant à lui du soutien de la Russie et de la Chine. Cette dernière peut craindre qu'un régime dirigé par l'opposition ne rembourse pas les milliards de dollars prêtés par Pékin à Caracas. Washington va demander cette semaine le vote au Conseil de sécurité de l'ONU d'une résolution qui appellera à permettre l'entrée de l'aide humanitaire. La Russie devrait y mettre son veto. Cette aide comprend des tonnes d'aliments et de médicaments, envoyés essentiellement des Etats-Unis à la demande de Juan Guaido. Mais les camions chargés de ces produits de première nécessité avaient dû rebrousser chemin samedi, face au blocage frontalier ordonné par le gouvernement et qui a dégénéré. Au moins quatre personnes ont été tuées et plusieurs centaines blessées. La Chine, traditionnellement en faveur d'une politique étrangère fondée sur la non-ingérence, s'est abstenue de prendre parti dans l'actuelle crise politique qui secoue le Venezuela. «La question vénézuélienne est par nature un problème interne au Venezuela», a déclaré hier Wang Yi, le ministre chinois des Affaires étrangères, en écho aux commentaires de son homologue russe sur une éventuelle intervention militaire. Il a, par ailleurs, appelé au respect des «normes de base des relations internationales» et de la «souveraineté » des Etats.