Intitulée "L'islam au XXIe siècle", cette rencontre, qui a réuni plusieurs universitaires, historiens, philosophes et islamologues au 7e arrondissement de Paris, avait pour objectif d'"aider ceux qui ne connaissent pas l'islam à mieux le comprendre". Le grand Auditorium de l'Unesco, à Paris (7e arrondissement), a abrité les 26 et 27 février dernier une conférence internationale sur le thème de "L'Islam au XXIe siècle". Un cycle de conférences qui a un double objectif, selon Michel de Rosen, secrétaire général de l'association L'Islam au XXIe siècle, "aider ceux qui ne connaissent pas l'Islam à mieux le comprendre et donner une tribune à l'islam moderne, moderniste, réformiste, modéré, l'islam contemporain, du XXIe siècle". Cinq thèmes ont été retenus : "Islam et liberté de conscience", "Islam et violence", "Islam et égalité", "Islam et médias", tous développés par des universitaires et islamologues dont Ghaleb Bencheikh (président de la Fondation Islam de France), Héla Ouardi (universitaire et écrivaine tunisienne), Rachid Benzine (universitaire et islamologue France-Maroc), Youcef Sddik (Islamologue tunisien), Tarek Oubrou (Grand imam de Bordeaux), Mohamed Haddad (universitaire tunisien), Razika Adnani (philosophe et islamologue France-Algérie) et d'autres. La conférence a été inaugurée en présence de Bariza Khiari, représentante du président Macron, et d'Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères. À propos de cette rencontre qui rassemble des philosophes, historiens et spécialistes des sciences sociales en quête de vérité, pour Mohamed Haddad, président de la Conférence et universitaire tunisien, "d'autres sont dans les mosquées, en contact avec les citoyens et qui ont la responsabilité de trouver un discours moderne susceptible d'être accepté par les musulmans. La troisième catégorie est celle de personnes qui travaillent sur le terrain. L'originalité est de faire dialoguer ces trois catégories. Les musulmans, comme les autres, vivent un long processus de sécularisation qui s'impose dans le monde entier", a-t-il confié à Liberté. Et de renchérir : "Il doit être vécu d'une façon consciente. Les sciences sociales doivent inévitablement parler de l'Islam. Aujourd'hui, les musulmans ne peuvent plus parler de leur propre histoire à partir de leurs croyances uniquement. Ils doivent le faire à partir des outils qu'offrent l'histoire moderne et les sciences sociales, car le monde est ouvert. La sécularisation veut dire que la religion ne structure plus l'ensemble de l'espace social et culturel, même s'il y aura toujours des gens qui seront en demande de religion." Pour notre interlocuteur, "la question est de faire dialoguer des gens qui sont dans les mosquées et ceux qui font de l'histoire, des sciences sociales, du droit, etc., pour avoir un autre discours de l'Islam et sur l'Islam qui soit plus compréhensible, plus rationnel, plus acceptable. Le processus de réformes en Islam a commencé depuis le XIXe siècle par des arrangements. Pour que les choses avancent en Islam, il faudrait introduire les arrangements qu'exige la modernité et conduire à leur acceptation par les musulmans qui peuvent vivre sereinement leur islam dans le monde moderne...". Tout en concluant : "Il existe des personnalités qui peuvent proposer aux musulmans et aux non-musulmans des discours compréhensibles sur l'Islam. C'est dans ce sens que cette conférence a été organisée. On a voulu réunir des personnes différentes qui dialoguent et font des propositions plutôt que des gens qui tapent sur l'Islam et d'autreS qui le défendent." Pour sa part, Tarek Oubrou, grand imam de Bordeaux, estime qu'"en tant qu'imam et théologien, j'ai abordé la question de la sécularisation : l'islam est-il capable d'opérer une forme de sécularisation, sans pour autant copier le modèle occidental en termes de séparation des ordres, pour répondre à la modernité ?" Et d'expliquer à ce sujet : "J'ai abordé cela d'un point de vue théologique, ce qui est un aspect de la sécularisation. Celle-ci a pris la forme de laïcité en France, mais il y a d'autres formes de laïcité et de sécularisation, ce que les anciens appellent ‘el fourouq'. Les savant musulmans au Moyen-Âge parlaient de la séparation des ordres : l'exécutif, le judiciaire, le législatif, l'origine de la foi, l'origine de la pratique, le culte, l'éthique. Donc tout n'est pas dans la même enseigne, ce n'est pas parce que l'islam est une religion qu'on peut mettre toutes ses pratiques dans la même catégorie." Et de marteler : "Le politique n'est pas le juridique, celui-ci n'est pas l'éthique, et celle-ci n'est pas le cultuel et la foi. Si l'Islam connaît une crise, il peut renaître… L'Islam s'adapte à travers ses musulmans, ils sont dans la réalité qui va finir par imposer l'adaptation, celui qui ne le fait pas reculer. L'Islam a toujours montré qu'il peut prendre en considération les cultures et les époques. Cette règle va continuer." A. B.